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15 septembre 2008 1 15 /09 /septembre /2008 10:19

TUEZ CHARLEY VARRICK (1973-CHARLEY VARRICK)
Réal.: Don Siegel , Scé.: Howard Rodman , Dean Riesener , D'après le roman « Les pillards » de John Reese , Ph.: Michael Butler (Technicolor) , Mus.: Lalo Schifrin , Prod.: Jennings Lang , Dist.: Universal International Corporation ,  112 mn 
Avec: Walter Matthau , Joe Don Baker , Felicia Farr , Andy Robinson , John Vernon , Jacqueline Scott    

L'homme n'a pas attendu le cinéma pour raconter des histoires . Vous pensez bien qu'elles ont déjà toutes été inventées . Une même histoire , si tant est qu'elle soit bonne , peut se décliner à l'infini suivant la personne qui la raconte . Alors si vous avez aimé NO COUNTRY FOR OLD MEN des frères Coen , vous aimerez TUEZ CHARLEY VARRICK de Don Siegel . Surprenant de citer ce récent succès critique et public pour vanter les mérites d'une pépite de 1973 . Cela est dû certainement à la personnalité et aux styles différents de ces hommes qui font de bons films .
 Les frères Coen jouissent du prestige d'être considérés comme des auteurs dans un cinéma de genre réhabilité .
Don Siegel , plus humble , se voyait comme un artisan du 7ème Art . Il est resté longtemps un simple habile réalisateur de film de genre avant d'être considéré aujourd'hui comme une référence . Clint Eastwood lui doit beaucoup . Son cinéma aussi sobre qu'efficace a produit des petites merveilles . Son A BOUT PORTANT , remake des TUEURS de Siodmak est un chef-d'œuvre pour un autre chef-d'œuvre . L'expéditif INSPECTEUR HARRY c'est lui aussi .
Dans tous les domaines TUEZ CHARLEY VARRICK cache bien son jeu . Vous perdez , ici , l'atmosphère glauque , poisseuse de l'univers des frères Coen mais vous y gagnez en efficacité . Dans le rôle du gars qui se retrouve avec les biftons de la mafia sur les bras , Walter Matthau tombe le masque , cesse de faire le pitre et livre une performance toute en nuance et sensibilité retenue . Surtout , il se montre beaucoup plus malin que Josh brolin pour se débarrasser du tueur impitoyable de la mafia . Dans le rôle de ce dernier , l'interprétation de Joe Don Baker fait le poids et ne souffre aucunement de la comparaison avec celle démesurée et impressionnante de Javier bardem dans le Coen .
Siegel , lui , ne se prend pas au sérieux . Il ne perd pas de vue qu'il réalise des séries B et n'hésite pas à saupoudrer son film d'un humour machiste . Cela n'empêche pas une critique sociale acerbe . Tout au long de cette chasse à l'homme , il montre le chemin et dénonce une société gangrenée à tous les niveaux par la corruption et le pouvoir de l'argent . La lutte acharnée de Charley Varrick pour échapper au molosse Texan de la mafia et emporter le morceau le désigne comme un être seul , un marginal qui se bat contre le système . Il croit faire un modeste casse dans une banque d'une petite bourgade et tombe sur une « succursale de blanchiment de l'argent sale » . Il cherche un receleur . Il veut des faux papiers . Immédiatement , il est repéré . La mafia est partout même à la campagne .
TUEZ CHARLEY VARRICK se détache aussi de son homologue par son final aussi jouissif que l'autre est poussif . Point faible de NO COUNTRY FOR OLD MEN , le final tient ici ses promesses dans l'action et l'ambiguïté . Dans une dernière acrobatie Varrick se barre avec le fric mais n'existe plus pour la société . Les plus beaux Happy End sont ceux qui ne le sont pas vraiment . (Actuellement sur Cine Polar , existe en DVD avec en bonus un commentaire du film passionnant et passionné d'Alain Corneau .)  

    

 

 

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9 septembre 2008 2 09 /09 /septembre /2008 10:05

LA MEMOIRE DU TUEUR (2003-DE ZAAK ALZHEIMER)
Réal.: Erik Van Looy , Scé.: Carl Joos et Erik Van Looy , D'après le roman de Jeff Geeraerts , Ph.: Danny Sen , Mus.: Stephen Warbeck , Prod.: MMG Film , TV1 , TROS , Bridge Entertainment Group , Dist.: ARP Sélection , Durée: 123 mn   
Avec: Jan Decleir , Koen de Bouw , Werner de Smedt , Gene Bervoets , Jo de Meyere, Tom van Dyck     

Les jeunes réalisateurs frenchy nourris au cinéma de genre américain ont aujourd'hui la prétention d'égaler les grands maîtres vénérés. Malgré quelques exceptions , ils ne font que refaire ce qui a déjà été fait et les effets de style à la mode n'y changent rien . Dans de tels films il faut qu'on y croit car le cinéma de genre est bourré de clichés . Réinventer le genre en utilisant les mêmes ficelles n'est pas donné à n'importe qui . Surtout le spectateur ne doit pas ce dire : « cette scène fait penser à ... » . En un mot le film doit avoir une âme , exister par lui même . Justement , en 2003 lorsque sort LA MEMOIRE DU TUEUR sur les écrans , les belges donnent aux français une grande leçon de cinéma américain . Du Polar , du vrai . Une recette belge mise à la sauce ricaine . Qu'est ce qu'il y a de plus effrayant et traumatisant en Belgique que le psychopathe du SILENCE DES AGNEAUX ? L'affaire Dutroux bien sûr , sa pédophilie , ses réseaux de prostitutions , ses notables et politiciens impliqués . Van looy intégre habilement cette blessure de l'âme belge dans son intrigue . Basée sur une histoire du grand auteur flamand du roman policier jeff Geeraerts , personnages , caractères , relations et ambiances sont réussis . Sans aucun doute , on y croit alors que nous ne sommes plus à New York mais à Anvers . Se payant même le luxe d'introduire dans cette ambiance glauque une dose d'humour entre les deux flics et de faire des clins d'œil au genre avec la veuve éplorée et sexy , femme fatale en faillite .
Véritable film noir moderne avec ses couleurs grises , bleutées , verdâtres parcourues par des faisceaux lumineux rouges qui touchent leurs cibles . Le film fait mouche jusque dans les seconds rôles très bien intégrés à l'ensemble . Valorisée par le réalisateur , la ville d'Anvers s'impose et n'est plus un lieu improbable pour le polar . Quelques imperfections cependant car Van Looy cède parfois aux effets à la mode style SEVEN mais ce procédé de mise en scène est justifié dès qu'il traduit les symptômes d'Alzheimer du personnage principal . Les mots de sa mémoire qu'il griffonne sur son avant-bras avant qu'il ne les oublie ne sont pas sans rappeler le MEMENTO de Christopher Nolan .
La fin , quant à elle, semble s'éterniser . Le spectateur ne s'en plaindra pas tellement Jan Decleir crève l'écran . Même si les autres acteurs sont bons , sa seule présence dans une scène la rend carrément géniale . Il porte l'âge de son personnage . Son côté désabusé , touché par la maladie , au bout du rouleau le rend plus humain alors que c'est un tueur implacable .Son passé a fait de lui ce qu'il est mais sa douleur le rapproche du flic qui le traque car on ne touche pas à un enfant! Une alliance trouble unit ces deux hommes contre des ennemis encore plus troubles dans un polar sous influence , estampillé Made in Belgium . (Actuellement sur
Canal + , existe en DVD)   

 

 

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28 août 2008 4 28 /08 /août /2008 17:23

          

LE PARFUM , HISTOIRE D'UN MEURTRIER (2005)
Réal.: Tom Tykwer , Scé.: Andrew Birkin , Bernd Aichinger , Tom Tykwer, d'après le roman de Patrick Süskind , Ph.: Frank Griebe , Mus.: Tom Tykwer , Johnny Klippe , Reinhold Heil , Prod.: Bernd Eichinger , Constantin Films , Dist.: Metropolitan Film export , 147 mn 
avec: Ben Whishaw , Alan Rickman , Rachel Hurd-Wood , Dustin Hoffman , Karoline Herfurth , David Calder , Sian Thomas      
 
Qui a lu LE PARFUM de Patrick Süskind et a vu son adaptation cinématographique doit se rendre à l'évidence : à quelques différences près c'est un véritable copier-coller . A ce titre la réussite est totale . De grands noms , comme par exemple Stanley Kubrick , se sont intéressés à ce roman réputé impossible à filmer pour finalement abandonner tant la tache était rude . Tom Tykwer l'a fait pour vous avec seulement le prestige d' un petit film habile intitulé COURS LOLA COURS . Il s'en sort haut la main , sachant retranscrire parfaitement l'ambiance du roman . La débauche d'odeurs qui assaille le spectateur doit beaucoup aux décors et lumières combinés à une mise en scène maniériste .
L'esprit du livre c'est aussi celui d'un tueur en série , d'un être tourmenté qui a du nez , seul don que la nature lui a donné . Jean Baptiste Grenouille est seul au monde , enfermé dans sa quête obsessionnelle du parfum parfait qui le ferait aimer du monde entier . Sans jugement moral , le spectateur suit le parcours de ce psychopathe du 18e siècle entièrement mis à nu . Une victime , un être finalement pétrie de paradoxe , incapable d'aimer mais voulant se faire aimer, capable de tuer sans être une fin en soi mais un moyen pour satisfaire sa passion .
En somme , un livre-film sain sur un sujet malsain où l'horreur de la mort côtoie la sensualité de la vie .(A ce propos un critique du Monde a parlé d'idéologie nazie devant cette quête de la perfection et ces cadavres retrouvés nus et rasés . Notons que cette idée malsaine ne lui serait jamais venu à l'esprit si les auteurs n'étaient pas de nationalité allemande .)
Tom Tykwer fait sensation avec la luxuriance d'émotion qui parsème son film . Mais , on lui en veut terriblement de nous avoir pris par le bout du nez , de nous en avoir mis plein les narines pour au final ne plus rien sentir . A vouloir coller au récit du roman, il prend le risque de perdre son public . Il pêche par orgueil à vouloir à tout prix réaliser la scène d'orgie finale complètement casse gueule à l'écran . Il lui manque sa propre vision de l'œuvre en tant que cinéaste . Il est un peu comme Baldini (l'excellent Dustin Hoffman) un grand faussaire de génie qui connaît son travail sur le bout des ongles . Gageons qu' il devienne un jour le Jean Baptiste Grenouille du cinéma . 

 

 

 

 

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24 juillet 2008 4 24 /07 /juillet /2008 20:56

LES PROMESSES DE L'OMBRE (2007-EASTERN PROMISES)
Réal.: David Cronenberg , Scé.: Steven Knight , Ph.: Peter Suschitzky , Mus.: Howard Shore , Prod.: BBC Films , Serendipity Point Films , Focus Features , Kudos Productions Ltd , Dist.: Metropolitan FilmExport   
 Avec: Viggo Mortensen , Naomi Watts , Vincent Cassel , Armin Mueller-Stahl , Jerzy Skolimowski , Sinéad Cusack , Donald Sumpter  
Le cinéma de David Cronenberg est une lame tranchante et froide d'un scalpel qui pénètre la chair dans un mélange de douleurs et de jouissances. Il faut être maso pour aimer son cinéma . Ça tombe bien , on aime tous se faire peur dans le noir . C'est l'un des rares grands maîtres du fantastique qui tient encore la route avec David Lynch le virtuose du bizarre dans le quotidien . Dario Argento n'est plus que l'ombre de lui-même . William Friedkin semble se chercher comme un adolescent . Wes Craven se perd. Tobe Hooper n'en parlons pas . Cronenberg est dangereusement cérébral , pas du genre à livrer un produit commercial mais de l'underground dérangeant et déroutant . Il s'aventure désormais dans le polar depuis HISTORY OF VIOLENCE et la température reste toujours aussi basse . Malgré ses intrusions dans un genre différent , Il nous parle toujours avec le même langage . C'est un auteur comme David Lynch qui a son propre univers et pas un cinéaste qui film a l'esbroufe style « regardez comme je sais vous en mettre plein les yeux » sans avoir rien à dire ! C'est un cinéaste de la contamination de l'esprit et du corps . L'infection de la chair se mêle à des désirs sexuels malsains (FRISSONS et RAGE) , une tête explose par la seule force de l'esprit (SCANNERS) , des enfants monstres naissent des fruits d‘une mère au psychisme dérangée (CHROMOSOME 3) , à la vision de scènes de tortures et de sexe des hallucinations transforment un abdomen humain en magnétoscope , une main en revolver organique (VIDEODROME), à la suite d'une téléportation un corps se décompose inexorablement (LA MOUCHE) , entre chairs blessées et tôles écrasées un couple prend son pied dans les CRASH de voitures.
les frontières entre le corps et la matière , le réel et l'imaginaire , l'attirance et la répulsion deviennent floues . Cette marque de fabrique à l'ambiance de froideur clinique se retrouve dans le documenté PROMESSES DE L'OMBRE sur la mafia russe à Londres . Pas étonnant donc que la scène la plus forte et dérangeante soit celle du bain turc où Viggo Mortensen nu , fraîchement tatoué par ses « pères » doit affronter deux redoutables tchétchènes . Fascinante scène de violence crue qui nous dégoûte par sa bestialité et sa chorégraphie trop réelle . Dans cette univers souillé se jette une sage-femme (Naomi Watts) à la fois terrorisée et séduite par Viggo Mortensen . Deux mondes , deux familles incompatibles qui par un retournement de situation dans le scénario rend les différences encore plus ambiguës .
Filmée comme jamais auparavant , Londres , son architecture jusqu'à son climat est assujettie entièrement à la subjectivité de Cronenberg . Réalité d'une ville plongée dans la fantasmagorie de notre troublant réalisateur . Dopés par un casting international mais pas évident , les membres de cette mafia russe sont terrifiants de crédibilité, ce qui renforce le contraste entre l'aspect documentaire réaliste et le climat malsain proche du fantastique . De toute évidence Cronenberg est un auteur qui tient encore ses promesses . 

 

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13 juillet 2008 7 13 /07 /juillet /2008 20:07

LA NUIT NOUS APPARTIENT (2007-WE OWN THE NIGHT)
Réal.: James Gray , Scé.: James Gray , Ph.: Joaquin Baca-Asay , Mus.: Wojciech Kilar , Prod.: Mark Wahlberg et Joaquin Phoenix  , Dist.: Wild Bunch Distribution , Durée 1H53 
Avec : Joaquin Phoenix , Mark Wahlberg , Robert Duvall , Eva Mendes , Alex Veadov , Tony Musante
               

Fichtre! Qu'il est bon Joaquin Phoenix( Bobby Green) dans LA NUIT NOUS APPARTIENT , c'est Al Pacino dans LE PARRAIN . Vous savez la scène où il prend une arme dissimulée dans la cuvette des chiottes et qu'il retourne s'asseoir dans le resto face au chef de la police et au mafieux . Il est là , il les écoute et son regard en dit long sur ce qu'il ressent : sa haine , son mépris , son désir de vengeance , sa détermination , sa peur aussi . Tous ses sentiments qui passent à travers son regard avant qu'il les exécute. Et bien Joaquin Phœnix a le même lorsque Vadim le responsable de l'agression de son frère vient s'asseoir à sa table pour lui proposer de participer à son trafic de drogue . Lui aussi devra faire un choix dans ce PARRAIN à l'envers . La famille n'est pas la même , ici nous sommes du côté des flics . Mais ni la police , ni la mafia russe n'intéresse James Gray . Depuis LITTLE ODESSA et THE YARDS , ce réalisateur se passionne pour les déchirements des liens du sang à l'intérieur du film noir . Il n'y a que les grandes courges du jardin Cannois pour n'avoir rien compris et sifflet un film jugé trop moralisateur et caricatural entre le bien et le mal . Qu'est ce qu'on lui reproche à James Gray au juste , d'avoir l'art et la manière pour nous plonger dans les ténèbres de cette tragédie familiale ?
Un film beau comme un diamant noir qui parle de rédemption avec l'accent de la fatalité . Dans la scène du laboratoire clandestin et sur la totalité de cette belle ouvrage , il est passionnant de voir un réalisateur prendre le pouls de son acteur fétiche . Il le déprime , le plonge dans les ténèbres , le drogue et le fait flipper à mort . Tout palpite en lui , des paupières jusqu'au cœur . Il se sent étouffer comme quelqu'un qui se noie sans pouvoir se raccrocher au bord de la piscine . Lesté d'un poids mort (son irrésistible ascension aux enfers) , il coule alors qu'il voudrait être léger comme une « plume » . Il lui faut changer de religion . Sa boite branchée de Brooklyn n'est pas la bonne église pour lui . C'est au bal de la police que vont danser les siens . Et comme son frère (Mark Wahlberg) , son père (Robert Duvall) , il aura gravé sur son dos les initiales N.Y.P.D. Les liens du sang sont les plus forts et c'est à sa famille qu'il se raccroche . Les sentiments de ces trois là se télescopent , les mauvais se nouent et se dénouent , les bons se croisent et se décroisent car dans ressentiment il y a toujours sentiment ! Dorénavant, Bobby voit clair mais la vie a la couleur du noir , l'odeur de la peur . Un déluge tombe sur lui après une mémorable poursuite en voiture digne d'un William Friedkin de la meilleure époque . Il lui faut traverser la fumée blanche de la coke et des fumigènes pour retrouver l'héritage de son sang après avoir versé celui de Vadim . La tête de la Mafia Russe tombe avec à son cou une étoile de David et une croix Chrétienne . Une famille soudée au nom du Dieu Dollar . Sa prière est exaucée mais Bobby cherche du regard sa sublime portoricaine (Eva Mendes) loin de cet autre enfer où il est descendu. La nuit vous possède , vous happe et vous broie . Méfiez-vous d'elle! Elle n'a jamais été aussi sexy. Jamais , elle ne pourra vous appartenir .
( pour couper le sifflet définitivement à tous les détracteurs de ce film , il faut le comparer à AU BOUT DE LA NUIT de David Ayer , une véritable bouse qui prétend s'inspirer de James Ellroy avec un Keanu Reeves en flic aux yeux plein de m..., qui est le seul à ne pas s'apercevoir qu'il est manipulé par son lourdaud de supérieur . Comme quoi , il ne suffit pas de traiter de la corruption chez les flics , d'avoir un personnage alcoolique et violent pour se faire passer pour un film noir! Le méprisable et caricatural « politiquement correct » ne se trouve pas toujours là où on le croit !)
  

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27 juin 2008 5 27 /06 /juin /2008 11:49

L'ENFER EST A LUI (1949-WHITE HEAT)
Réal.: Raoul Walsh , Scé.: Ivan Goff , Ben Roberts , D'après une histoire de Virginia Kellogg , Ph.: Sid Hickox , Déc.: Edward Carere , Mus.: Max Steiner , Prod.: Louis F. EDELMAN/Warner Bros , Durée: 114 mn 
avec : James Cagney , Virginia Mayo , Edmond O'Brien , Margaret Wycherly , Steve Cochran , John Archer , Wally Cassell , Mickey Knox , Paul Guilfoyle , Ian Mac Donald , Fred Clark
 , Ford Rainey         
Ce n'est pas dans la petite cervelle de ce gros bêta de Léo , le lion propre sur lui de la MGM avec ses rugissements à effrayer une pucelle , que germe L'ENFER EST A LUI . A la MGM , acteurs et réalisateurs sont domptés depuis longtemps . Ils vivent dans une cage dorée et réalisent des comédies musicales , des oeuvres historiques et des biographies d'hommes célèbres très coûteuses . Face à cette effervescence académique et à ce conservatisme de la luxuriance , la Warner apparaît bien plus sauvage et n'hésite pas à aborder des sujets sociaux plus réalistes . A la Warner , on aime les gangsters dans les films noirs . Ici , le héros ce n'est pas Edmond O'Brien qui joue le rôle fade du flic infiltré mais James Cagney ce cinglé de Cody Jarrett . Un acteur-fauve redoutable , impossible à mettre en cage . Le genre d'animal qu'il ne faut pas regarder dans les yeux , qui souffre d'une dégénérescence héréditaire et dont il faut se méfier . Une fêlure au cerveau lui donne des migraines et des maux de tête terribles à cause sans doute d'un gêne venu tout droit de l'asile de fou où a fini son père . Il voue un amour compulsif à sa mère complice , seule véritable équilibre dans sa vie faite de braquages et de cavales . Dans sa bande tout le monde le craint même Verna (Virginia Mayo) sa femme complote contre lui . Mais "Ma" veille au grain...Vous riez ? Vous vous moquez du fils à sa maman ! Alors vous finirez dans un coffre de voiture , cribblé de balles .
L'interprétation épileptique de James Cagney prend toute sa dimension démesurée lors de la fameuse scène où son personnage apprend la mort de "Ma" dans la cantine de la prison . L'information remonte jusqu'à lui de prisonnier à prisonnier tel un "téléphone arabe" qui sourdre progressivement la folie qui va s'emparer de lui . De sa gorge sort alors des pleures de petit enfant combiné à des rugissements féroces de fauve touché par la rage .
Pour maîtriser un tel acteur qui joue autant avec le feu , il faut un réalisateur , un vrai . Un instinctif , un anticonformiste qui n'a pas peur de se brûler . Raoul Walsh a la trempe nécessaire et sa mise en scène convulsive est faite de plans qui jaillissent  comme des pulsions . La cadence frénétique qui s'impose place le film au sommet du genre . Un film charnière , une passerelle entre les gangsters classiques des années 30 , 40 jusqu'à ceux plus modernes dans la violence de A . Mann , Fuller jusqu'à Scorsese . D'ailleurs le personnage déjanté de Joe Pesci dans LES AFFRANCHIES fait un peu penser à Cody Jarrett . Je dis bien :"un peu" car seul James Cagney est "top of the world" .  

    
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23 mai 2008 5 23 /05 /mai /2008 17:59

LA RUE ROUGE (1945-SCARLET STREET)
Réal.: Fritz Lang , Scé.: Dudley Nichols , D'après le roman et la pièce "la chienne" de Georges de la Fouchardière et Mouézy-Eon , Ph.: Milton Krasner , John P Fulton , Mus.: Hans J Salter , Déc.: Alexander Golitzen , Russel A Gausman , Carl Lawrence , Prod.: Diana Production Inc/Universal International Picture , Durée: 101 mn  
Avec: Edward G Robinson , Joan Bennett , Dan Duryea 
Quelques grandes pointures hollywoodiennes se sont frottées aux remakes de succès français des années trente . A marcher sur les pas d'autrui et fouler un univers qui ne leur appartient pas , elles s'égarent et perdent en majesté . Mais lorsqu'il adapte LA CHIENNE de Jean Renoir , Fritz Lang reste droit dans ses bottes et nous livre sa propre version teintée de noire sur sa palette celluloïd de peintre moderne . Certes , il reprend son trio d'acteurs Robinson , Bennett , Duryea sans retrouver la perfection de LA FEMME AU PORTRAIT mais il va encore plus loin dans ses thèmes de prédilection . Ici , il n'est plus question de prouesse technique finale , nous ne sommes pas dans un mauvais rêve mais dans la réalité cruelle . Un univers sombre et pessimiste où l'individu est pris entre l'étau de la société et de ses désirs . Un simple caissier de banque (Edward G Robinson) décide de franchir la rue comme on pénètre dans un autre monde pour rejoindre sa psyché . Mais la société durant toutes ses années a appris  à Christopher Cross de réprimer ses envies et ses passions . Complètement aveuglé et fou d'amour pour Kitty March (Joan Bennett) il ne comprend pas qu'elle se moque de lui et qu'il est manipulé par Johnny Prince (Dan Duryea) . Il lui faut mentir et voler pour assouvir ses désirs qui ne sont pas des réalités . La force du film est aussi sa faiblesse car Lang , peintre frustré comme son personnage principal force le trait dans la noirceur et la cruauté . Du coup , Cross est à coté de ses pompes jusqu'à la caricature et Kitty qui le fait marcher jusqu'au bout se délecte sans une pointe de pitié de la crédulité de sa victime . D'ailleurs victime , elle l'est aussi en cherchant l'amour illusoir de son souteneur ; un mythomane condamné à rester un minable .
La rue est sans pitié . On ne change pas impunément de trottoir . La seule réalité de l'individu c'est sa position sociale qu'il occupe dans la société . Tout le reste lui est spolié . Le statut d'amoureux de Cross repose sur du vent . Son statut de peintre génial lui est aussi usurpé . Son mariage avec son épouse acariâtre n'est qu'une chimère . L'étau se resserre et ses voles lui font perdre la seule identité que lui concède la société , en étant licencié . Et lorsque ses mensonges l'entaînent jusqu'au point de non retour , il est nié jusque dans sa position de meurtrier . Son sentiment de culpabilité l'accable . La torture est totale . Tous les trois sont coupables comme ils sont victimes . Les innocents n'existent pas chez Lang . Impuissant de n'avoir pu réaliser ses rêves , c'est un homme anéanti , écrasé par le poids de sa culpabilité et de ses névroses qui s'éloigne dans la rue .
La psychanalyse est encore évidente dans cette histoire au sadisme et au masochisme latent comme elle le sera encore plus dans cette oeuvre envoûtante et onirique qu'est LE SECRET DERRIERE LA PORTE .  

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14 février 2008 4 14 /02 /février /2008 17:30

IMPACT (1949-IMPACT)
Réal.: Arthur Lubin , Scé.: Jay Dratler et Dorothy Reid , Ph.: Ernest Laszlo , Mus.: Michel Michelet , Prod.: United Artists , Durée: 85 mn 
avec: Brian Donlevy , Ella Raines , Helen Walksmall_110229.jpger , Charles Coburn , Mae Marsh , Robert Warwick , Tony Barret , Philip Ahn  
Agréable surprise que cette petite série B avec Brian Donlevy en vedette , cantonné habituellement aux seconds rôles ou aux méchants . Son personnage est un entrepreneur efficace et éperdument amoureux . Trop orgueilleux , il ne se voit pas en victime de l'amant improbable de sa femme . C'est pourtant ce qui lui arrive . Le cric qui s'abat sur sa tête , le fait tomber de haut . Mais c'est l'amant qui meurt dans un accident de voiture . Son corps non identifiable est pris alors pour celui du mari . Ce dernier , de nouveau conscient aura énormément de mal à retrouver ses esprits . Son monde s'est écroulé avec lui . La police et les journaux le croyant mort , il décide de ne pas donner signe de vie pour laisser accuser sa femme complice de ce(tte tentative de) meurtre .
Arrive alors la deuxième partie du film , celle où il rencontre la pétillante Ella Raines , le nez dans le moteur , vêtue en garçonne d'une combinaison de mécano d'une blancheur virginale . Le spectateur tombe immédiatement amoureux d'elle . C'est un ange au paradis dans le village de Larkspur . Mais Ella Raines est une femme , une vrai et comme dans le sublime PHANTOM LADY de Robert Siodmak , elle aide de toutes ses forces celui qu'elle aime . Elle chasse les idées noires de notre héros et le persuade d'aller à la police pour enfin exister .
Le film bascule à nouveau et la troisième partie commence . La confrontation avec sa machiavélique femme est notre scène préférée . Surprise de voir son mari encore vivant  , Helen Walker fait passer magistralement sur son visage  les différentes sensations qui l'assaillent et la fertilité de son esprit qui se met en marche pour inventer son innocence . La vengeance du mari trompé se retourne alors contre lui . Il se retrouve accusé du meurtre de l'amant . Face au venin de cette vipère , la ténacité d'Ella Raines permet au débonnaire enquêteur Charles Coburn de trouver les preuves nécessaire lors du procès.
Habile scénario où un industriel brillant , socialement favorisé semble n'être qu'un enfant face au pouvoir de séduction de la Femme , qu'elle soit vénéneuse ou délicieuse .
  

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26 janvier 2008 6 26 /01 /janvier /2008 10:18

L'ETRANGLEUR DE RILLINGTON PLACE (1971-TEN RILLINGTON PLACE)
Réal: Richard Fleischer , Scé.: Clive Exton , D'après le livre de Ludovic Kennedy , Ph.: Denys Coop (Eastmancolor) , Mus.: John Dankworth , Prod.: M Ransohoff  L Linder , Dist.: Columbia , Durée: 111 mn 
avec: Richard Attenborough , John Hurt , Judy Geeson , Pat 2178.jpgHeywood , Isobel Black , Phillys McMahon , Ray Barron 
Derrière le rideau , il n'y a pas le diable mais un petit homme presque chauve aux lunettes rondes qui vous épie lorsque vous sonnez chez lui . Le quartier est triste et gris , l'immeuble lugubre à l'intérieur verdâtre . Ses locataires et même sa femme semblent effacés , facilement manipulables . Lorsqu'une jeune femme est en détresse , il lui offre une tasse de thé , la persuade d'inhaler sa mixture fatale de pseudo-docteur pour mieux...l'étrangler . Alors qu'il prémédite son coup avec toujours le même rituel , on voit en direct un être humain qui bascule . Ses pulsions et perversions sont en lui et sourdent peu à peu  de son crâne . Le regard se fait libidineux , la respiration s'accélère , les gestes deviennent incontrôlables . Richard Attenborough interprète Reginald Christie tout en retenue , laissant le personnage venir à lui au rythme du récit . A travers cette ambiance glauque à souhait tirée d'une histoire vrai , Richard Fleischer construit un film très proche de la réalité pour ériger un plaidoyer imparable contre la peine de mort . Christie laissant Timothy Evans , un pauvre bougre mythomane et illettré (sidérante composition de John Hurt) condamner à la pendaison . Il est étonnant de voir comment le réalisateur traite différemment le sujet du tueur en série . Car son ETRANGLEUR DE RILLINGTON PLACE est aussi dépouillé et sans effet que son ETRANGLEUR DE BOSTON est exubérant et démonstratif . Ce dernier , encensé à l'extrême n'a pourtant pas la force , la réserve et la profondeur de ce pure joyau des âmes humaines les plus sales . (Diffusions sur Ciné Polar en VF) .  
  

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4 décembre 2007 2 04 /12 /décembre /2007 17:46

DIMANCHE NOIR (1977-BLACK SUNDAY)
Réal.: John Frankenheimer , Sc.: Ernest Lehman , Kenneth Ross , Ivan Moffat , D'après le roman de Thomas Harris , Ph.: John A Alonzo , Mus.: John Williams , Prod.: Robert Evans , Dist.: Paramount , 142 mn
avec : Robert Shaw , Marthe Keller , Bruce Dern , Fritz Weaver , Steven Keats
Vous attraper des sueurs froides et les mains moites . Des maux de tête accompagnés de troubles de la vision . Un sentiment de paranoïa aiguë et de schizophrénie grave vous assaille . Aucun doute possible vous êtes plongés dans un fil289269-360395.jpgm de John Frankenheimer style UN CRIME DANS LA TETE , SEPT JOURS EN MAI . Le spécialiste de la politique fiction , des manipulations , du complot , de l'aliénation de l'homme par la Société . Un chirurgien d'une froideur clinique qui sait faire L'OPERATION DIABOLIQUE pour vous ouvrir les yeux sur une réalité terrifiante . Ici , il s'agit d'un film sur le terrorisme déguisé en film catastrophe . D'après un roman de Thomas Harris , le papa d'Hannibal Lecter donc propice déjà à nous glacer le sang .
 Bien avant le 11 septembre et le MUNICH de Spielberg , Frankenheimer sondait le coeur des terroristes . Passé , traumatisme , psychologie ,  motivation sont mis en lumière pour comprendre le machiavélisme qui consiste à tuer des innocents et mourir pour une cause . Israéliens et arabes sont renvoyés dos à dos . F.B.I et Américains déjà dépassés par le problème . Constat imparable et en avance sur son temps car derrière les groupuscules ou espions se trouvent les Etats qui financent ou ferment les yeux selon les camps . La mise en scène hyper-réaliste achève de nous faire froid dans le dos à l'image de cette fusillade et course-poursuite en pleine rue avec un effet comparable au HEAT de Michael Mann . La menace est partout et peut surgir n'importe où . L'agent Israélien Nabokov (Robert Shaw) scrute les tribunes et le ciel en pleine finale de super-bowl avant que n'apparaisse une arme redoutable . Un dirigeable piloté par Michael Lander (Bruce Dern) ancien as du Vietnam traumatisé , humilié par son pays et manipulé par la très déterminée Dahlia la Palestinienne (Marthe Keller) . Elle le regarde incrédule et avec recul . Elle est désemparée et seule lorsqu'il entre littéralement en transe d'avoir réussi l'essai meurtrier de sa bombe aux fléchettes . Elle ne peut que pleurer quand il lui avoue son amour car il lui renvoie sa propre folie comme un miroir , enfermée qu'elle est dans sa cause et ses croyances . Couple improbable , pathétique et effrayant ! 

 

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