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7 octobre 2018 7 07 /10 /octobre /2018 20:36

Comme une odeur de soufre

La femme asservie, bafouée, maltraitée, mutilée par le mari, le père ou le propriétaire. La perversion masculine réunie en un seul personnage : un révérend d'origine néerlandaise ravagé par la vertu qui tue au pays du Far West. Guy Pearce est un effroyable psychopathe, prédicateur prédateur qui jette son dévolu sur une sage-femme muette tenace. Dakota Fanning représente la fille, l'épouse, la mère flouée vouée à s’échapper de cette emprise forcée de l'injustice du mâle. 
Au nom de Dieu, la religion chrétienne est faite par les hommes et pour les hommes. La femme n'a pas sa place. Avec un regard malsain et nauséeux, le film (interdit au moins de 16 ans) délivre son message féministe et anticlérical. Il vous met les tripes à l'air et vous les enroule autour du cou. Son style manichéen et lourdement démonstratif est difficile à soutenir, mais il s'appuie sur un habile et malin scénario découpé en quatre chapitres qui apportent son lot d'innommables surprises. Au western et au thriller qui s'entremêle ; le premier a le mérite de donner la parole toujours coupée aux prostitués des maisons closes, et le second donne une leçon émérite d'efficacité dans le suspens. 
La traque est longue, mais la fuite de la femme avance. Et sa destinée n'a pas fini de s'émanciper.

 

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26 mars 2017 7 26 /03 /mars /2017 18:29

Franchir la frontière.

 

Western et horreur. Innovante recette très tentante qui peut facilement tomber à plat ou pas. Pour que ces deux ingrédients se marient harmonieusement, un respect des codes du genre savamment dosé est à souhaiter.

D'abord, il faut entrer dans le vif du sujet.

En scène d'ouverture, deux rôdeurs, après avoir égorgé leurs victimes dans une contrée isolée, se font à leur tour agresser par des sauvages difficilement identifiables. L'un des deux parvient à s'échapper et trouve refuge dans une petite bourgade.

Puis, il faut laisser reposer et prendre son temps pour présenter les principaux personnages.

Il y a le tueur d'Indiens aguerri à la gâchette facile. Le shérif malin et expérimenté. Son vieil adjoint bavard et attachant comme dans RIO BRAVO. Et le romantique blessé qui veut retrouver la femme de sa vie. Car les sauvages se sont introduits en ville durant la nuit et l'ont kidnappée pour l'emmener quelque part entre le Texas et le Nouveau-Mexique.

Comme dans LA PRISONNIERE DU DÉSERT, nos quatre personnages, archétype du western classique, vont donc se lancer dans cette expédition de sauvetage. Sauf qu'ici les sauvages ne sont pas des Indiens, mais d'obscurs et terrifiants troglodytes pratiquant le cannibalisme.

Nous sommes conviés à assister à un voyage au bout de l'enfer au rythme d'une chevauchée avortée lorsque nos héros se font voler leurs chevaux. Démarche ralentie pour mieux connaitre ces personnages bien écrits et avoir peur pour leur vie quand ils arriveront au pays de l'horreur. Quand ils franchiront la frontière d'un genre qui n'est pas le leur.

La mise en scène soignée sans grande originalité se met humblement au service de son sujet. Quand les troglodytes apparaissent brusquement, ils n'en sont que plus terrifiants. Un peu à l'image de L'HOMME SAUVAGE de Robert Mulligan, où l'Indien était insaisissable et imparable, les cannibales possèdent une bestialité fantastique qui détone dans l'univers de ce western interdit aux moins de 16 ans.

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13 mars 2017 1 13 /03 /mars /2017 19:27

Si Dieu a créé le monde...

 

Devant ma télé, l'enfant que j'étais il y a des années fut emporté par un western singulier de 1971. Comme le début d'un rêve étrange d'un navire voguant sur la terre, le générique du CONVOI SAUVAGE montrait la lente progression d'une expédition de trappeurs trainant une lourde embarcation montée sur roues.

Ces trappeurs, découvreurs des nouveaux horizons au nord du Dakota, lestés de fourrures de castors, rejoignaient le fleuve Missouri en espérant, un jour, rouler sur l'or.

Puis, s'éloignant du groupe, un éclaireur parti chasser se faisait surprendre par un ours. Son corps en lambeaux même recousu ne pourrait en réchapper. Mon sang de jeune spectateur ne fit qu'un tour. Le héros était mort et le film venait à peine de commencer.

Sa fin étant inéluctable, le chef de l'expédition (son père adoptif) et ses hommes décidèrent de l'abandonner. L'embarcation avec son mât en forme de croix se remit en marche. Mais la caméra ne la suivit pas. Mon attention en était décuplée.

Livré à lui-même, l'agonisant était à la merci de cette nature environnante sans pitié et aux Indiens menaçants qui y vivaient. Il se mit à ramper comme une bête blessée. Peu à peu, il s'accrocha à tout ce que cette nature pouvait lui donner. Le tapis de feuilles pour se cacher et se couvrir durant la nuit. L'eau de la rivière pour s'abreuver. L'écrevisse, les baies pour se nourrir. Peu à peu, la nature le ramena à la vie. Sauvage et belle, elle était donc pleine de ressources pour celui qui la respectait avec humilité.

Tandis qu'il se remettait sur pied, le récit parsemé de flashbacks nous dévoilait son passé torturé. Dans l'un d'eux, l'enfant en colère qu'il était ne parvenait pas à répéter ce qu'on lui ordonnait de prononcer : « Dieu a créé le monde. »

Dieu l'avait depuis longtemps abandonné et pour se réchauffer l'hiver venu, il n'hésitait pas à déchirer quelques pages de sa bible pour en faire un excellent combustible. Sa haine le faisait tenir. Pour se venger, il devait survivre et progresser dans cet environnement hostile. Caché, il observait un groupe se faire massacrer par les sauvages. Plus loin, dans l'une des plus émouvantes scènes de l'histoire du cinéma, il contemplait une squaw enfanter en silence derrière un arbre. Son épreuve prenait alors un sens. Tout était à sa place dans ce monde. Une expérience unique, un voyage initiatique, une renaissance à la vie s'offraient à lui. Il avait un fils qu'il avait délaissé. Et plus il avançait, plus son désir de vengeance se dissipait. Plus la vision de son fils s'imposait. Sa foi en l'humanité retrouvée, il pardonnait l'erreur des hommes civilisés tout comme lui s'était trompé.

Sur le même sujet, THE REVENANT de Alejandro G. Inarritu fait écho au CONVOI SAUVAGE de Richard C. Sarafian sans pouvoir se soustraire à la comparaison.

Cette seconde version est esthétiquement superbe. La mise en scène est grandiose, mais ne parvient pas à insuffler la même générosité. Surtout, il ne délivre pas le même message. Leonardo Dicaprio n'est animé que par la vengeance et, sans le dévoiler, le final fait un compromis avec celle-ci. Le scénario est différent, certes, mais cette version s'apparente plus à un glacial survival qu'au lumineux retour à la vie de l'original.

Pour Inarritu, la magnificence de cette nature est d'origine divine. Les mille souffrances subies par Dicaprio prennent des allures christiques quand, dans un rêve, il se retrouve dans les vestiges d'une église où une cloche aphone se ballote sous le souffle du vent. Les hommes civilisés assoiffés de sang et d'argent font de ce paradis terrestre un enfer. On ne sent aucun regard bienveillant envers les Indiens, relégués le plus souvent au rôle de menaces constantes. Ici, point de rédemption, juste des barbares qui essayent de s'entretuer pour s'enrichir ou survivre.

En définitive, deux films très différents tournés à des époques opposées.

Dans les années 70, le mouvement hippie imprégné de liberté et du refus de la société de consommation favorisait la quête intérieure de spiritualité pour mieux vivre en communauté. Une démarche qui était peut-être utopiste, mais qui débordait d'espoir et de foi en l'humanité.

Aujourd'hui, la pollution grandissante a développé une prise de conscience écologique. Une nécessité vitale que nous sommes pourtant incapables de mettre en marche. Une torpeur glaciale nous gagne. Comme dans THE REVENANT, Dieu est présent partout, mais il ne peut rien contre la noirceur de notre âme. Nous courons à notre perte pour quelques peaux de castors et pour donner aux autres tous les torts.

Si Dieu a créé le monde alors il a créé l'homme pour le détruire.


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6 juin 2009 6 06 /06 /juin /2009 09:59

LE MONDE LUI APPARTIENT (1952-THE WORLD IN HIS ARMS)
Réal: Raoul Walsh , Scé.: Borden Chase , Horace MacCoy , d'après le roman de Rex Beach , Ph.: Russel Metty , Mus.: Frank Skinner , Prod.: Aaron Rosenberg-Universal , Durée: 104 mn
Avec: Gregory Peck , Ann Blyth , Anthony Quinn , John McIntire , Carl Esmond , Andrea King
Sentez comme cela sent bon les embruns et comme l'air se gorge d'iode . Raoul Walsh est au gouvernail . Sa goélette prend le large et fonce à toute bise sans crainte de déchirer ses voiles . Des marins pêcheurs qui chassent le phoque sont à son bord . Ils sont dirigés par un pirate .Qu'importe l'enjeu , il fait la course avec son rival de toujours: le portugais , génial Anthony Quinn qui vous postillonne au visage et vous balance son haleine de rhum , de bière et de whisky . Son interprétation sel et poivre donne du piment à celle de Gregory Peck qui n'a jamais été aussi ludique .
Film d'aventure hollywoodien , cinéma populaire des années 50 qui n'a qu'un seul but : donner du plaisir à vos cœurs romantiques de grands enfants dans un dépaysement total .
Une princesse tsariste (Ann Blyth) se fait passer pour une roturière et tombe sous le charme de ce pirate téméraire qui désire acheter l‘Alaska. Elle croit s'emparer d'un navire , c'est son cœur qui chavire pour ce démocrate Américain qui hait la noblesse Russe .
A ce titre le film a longtemps été considéré comme un pamphlet anti-rouge alors qu'il est tout le contraire puisqu'il critique ouvertement la Russie Tsariste , nous apprend Bertrand Tavernier et Noël Simsolo dans l'excellent bonus du DVD sorti récemment .
Non , la critique que l'on peut faire sur ce scénario des doués Borden Chase (à qui l'on doit les meilleurs Anthony Mann) et Horace Mc Coy serait plutôt d'ordre économique et écologique car l'explication donnée sur la disparition croissante des phoques est tirée légèrement par les cheveux: les Russes étant des massacreurs assoiffés de profit alors que les ricains respectent la sélection naturelle , laissant vivre les plus jeunes spécimens .
Mais ne boudons pas ce plaisir jouissif de tous les instants que nous procure la vision de ce petit chef-d'œuvre qui bataille sur tous les fronts .
Walsh a le chic pour faire intrusion dans les soirées aristocratiques hautaines . Il envahit les lieux en y injectant ses soiffards de marin qui sentent le poisson et le rhum qui espèrent la bagarre comme un enfant attend sa sucette . Dans le monde de Walsh , les prostituées font fuir un colonel tsariste et on se défie pour savoir qui va gagner la princesse plus belle qu'une professionnelle du sexe . Ambiance assurée !
D'une scène à l'autre ou plus fort encore d'une réplique à l'autre le plus vulgaire des marins peut se comporter comme le plus attentionné des amoureux . Le spectateur bascule avec une formidable fluidité du pugilat violent à la plus douce ambiance romantique .
Il n'y a pas de place ici pour un sentimentalisme niais . Le mot d'ordre est de « l'action , beaucoup d'action , toujours plus d'action » avec pour refléter cette devise une fantastique course de goélettes toutes voiles dehors . Un course à l'image de ces marins exaltés qui prennent la vie comme un jeu et la vivent avec intensité . La plus belle course entre deux navires jamais filmée car la plus lyrique et la plus enthousiasmante .
Un chef d'œuvre donc , non pas parce qu'il est le meilleur Walsh mais parce qu'il décrit merveilleusement ce qu'est le monde selon son auteur , peuplé d'hommes rudes et fragiles vivant une aventure exaltante et s'épanouissant dans la fulgurance de l'action .

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27 mars 2009 5 27 /03 /mars /2009 14:50

L'HOMME DE LA PLAINE (1955-THE MAN FROM LARAMIE)
 Réal.: Anthony Mann , Scé.: Philip Yordan , Frank Burt , D'après le roman de Thomas T Flynn , Ph.:Charles Lang (Technicolor) , Mus.: Georges Duning , Prod.: William Goetz , Dist.: Columbia , Durée: 104 mn   

Avec: James Stewart , Arthur Kennedy , Donald Crisp , Cathy O'Donnell , Alex Nicol, Wallace Ford , Aline Mac-Mahon , Jack Elam , James Millican        

Pauvre Jimmy , les paysages du Nouveau Mexique après ceux de l'Oregon (LES AFFAMEURS), du Colorado (L'APPÂT) et du canada (JE SUIS UN AVENTURIER) sont décidément bien trop grand pour toi .Tu es bien trop humain pour ne pas souffrir dans ces décors naturels grandioses . Tes épaules pas très larges d'homme ordinaire à la volonté de fer , ton long corps mince et décharné sont filmés ici dans un format bien trop vaste pour la petite lucarne . Anthony Mann adore voire te débattre obstinément pour accomplir la tâche qui te soulagera . Dans cette histoire de vengeance , Borden Chase a laissé la place à Philip Yordan ou à un de ses « nègres » pour te faire tordre de douleur . Dans les marais salants , des cavaliers dirigés par un chien fou viennent interrompre ton paisible travail pour brûler tes chariots , massacrer tes mules après t'avoir traîné au lasso sur un feu de camp .
De nouveau en présence de ce chien fou tu le rosses sauvagement .Tu lui fais mordre la poussière mais il t'en coûte physiquement lorsque tu dois te battre aussi avec son protecteur jusqu'entre les jambes d'un cheval , au milieu des bovins . Les bagarres à mains nues chez Mann sont toujours d'une sauvagerie absolue . La plus terrible et la plus longue étant celle du crépusculaire L'HOMME DE L'OUEST . Cette violence sèche empreinte de sadisme trouve son point culminant avec la fameuse scène où Jimmy ceinturé par ses bourreaux se fait tirer à bout portant sur la main droite . Cris de douleur et visage grimaçant , humilié , de dos et sans défense on le porte sur son cheval . A croire que tu aimes çà Jimmy d'accepter d'être traîner dans la poussière par ton réalisateur pour mieux te relever . Bafoué , maltraité , tu es déterminé à rendre coup pour coup avec sur ton visage une expression de rage d'animal blessé . Une fraction de seconde et l'on te sent capable de tomber de l'autre côté et commettre l'irréparable .
Pourtant tu es un homme simple Jimmy . Tu viens de Laramie mais tu ne te sens pas comme un étranger . Tu as souvent le sentiment d'appartenir à l'endroit où tu te trouves . Tu fais la cour d'une façon directe et naïve à Cahty O'Donnell . Ton amitié avec Wallace Ford même si elle est plus anecdotique qu'avec Walter Brennan dans JE SUIS UN AVENTURIER , est vrai et attachante . Déjà dans LES AFFAMEURS , tu t'es confronté à l'ambigu Arthur Kennedy : un méchant à l'allure déstabilisante , aux circonstances atténuantes flagrantes face à ce père adoptif (Donald Crisp) qui spécule avec les sentiments tel un ROI LEAR du western . Trafiquants d'armes et apaches ne sont qu'un prétexte pour voir ces personnages se déchirer dans des scènes fulgurantes de tension et en cinémascope s'il vous plait ! Dans ces décors naturels beaux et inhospitaliers , tu restes Jimmy un homme bon .
 Mais dans mon enthousiasme je te confonds avec Will Lockhart , le personnage que tu interprètes , ou est-ce le Lin McAdam de WINCHESTER 73 , le Glyn McLyntock des AFFAMEURS , le Howard Kemp de L'APPÂT ou le Jeff Webster de JE SUIS UN AVENTURIER ?  

 

 
 
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14 mars 2009 6 14 /03 /mars /2009 11:01

L'HOMME SAUVAGE (1969-THE STALKING MOON) Réal.: Robert Mulligan , Scé.: Alvin Sargent , Adapt.: Wendell Mayes , D'Après le roman de Theodore V Olsen , Ph.: Charles Lang , Mus.: Fred Karlin , Prod.: Alan J Pakula , Dist.: Prodis , Durée: 109 mn
 Avec : Gregory Peck , Eva Marie Saint , Robert Forster , Frank Silvera , Noland Clay

Nous sommes en 1968 , la sauce italienne est savoureuse et le western s'est transformé en spaghetti avec son meilleur plat à venir : IL ETAIT UNE FOIS DANS L'OUEST . Mais le western classique , notre préféré , est encore capable de quelques fulgurances . Robert Mulligan y fait son unique et remarquée incursion . Dans sa mise en scène tranquille qui prend son temps , il injecte un éclair , un chef apache sans pitié , un guerrier redoutable . Insaisissable , plus rapide qu'un cheval , plus fort et effrayant qu'un ours , sa ruse est démoniaque . Il veut récupérer son fils métis et son arrivée est annoncée . Il vient terroriser les spectateurs conformistes que nous sommes , peu habitués au mélange des genres . Tel un fantôme jamais on ne le voit vraiment . Au mieux on le devine , au pire il nous surprend . Il laisse derrière lui sang et cadavres et les témoins qui découvrent ses massacres soulignent toujours qu'il est seul . Tel un démon, sa combativité surnaturelle semble venir d'une force maléfique . La débâcle et la résignation de sa tribu étant proportionnelle à sa férocité .
Alors , avec l'éclaireur expérimenté que joue Gregory Peck , on est contraint de scruter l'horizon . Derrière un rocher peut se cacher notre assaillant . Derrière un arbuste peut se trouver un piège. Une balle , une flèche peut à tout moment nous stopper net . Même reclus dans un modeste ranch , il peut venir nous ôter la vie pendant notre sommeil . Un suspense paralysant est mis en place . Aux lenteurs des scènes du quotidien et des scènes d'attente répondent les jaillissements de ce corps invisible venu d'ailleurs . La violence qui se laisse entrevoir par éclairs est d'une redoutable efficacité .
Cette lutte à mort quasi fantastique se déroule dans le cadre très réaliste des extérieurs du Nouveau Mexique , western oblige . Une nature où il faut survivre face aux éléments qui se déchaînent comme cette violente tempête de sable . Une nature hostile , terrain de jeu idéal pour vous prendre la vie ou pire encore vous enlever votre enfant . Seul , un homme capable de l'apprivoiser et de savoir interpréter les indices qu'elle donne peut prétendre sortir vainqueur de ce terrible bras de fer où le poursuivant peut être à son tour traqué .
L'enjeu de cette lutte pour la vie est un petit métis autiste qui ne sourit jamais et sa mère , une femme blanche au mutisme lié à des années de captivité . Les silences étant plus révélateurs du traumatisme et du déchirement psychologique qui assaillent l'enfant que de long discours . La bienveillance maladroite de Peck à leur égard n'a d'égale que sa dextérité pour les protéger . Mais Mulligan ne prend jamais position pour l'un ou l'autre camp , il contemple les hommes s'entretuer dans une nature indifférente à leur sort . Le chef apache est certes sanguinaire mais il ne fait que courir après les origines de son sang et sa lutte acharnée ressemble à une cause perdue d'avance . Alors que du côté de l'homme blanc on apprend à jouer au poker à l'enfant pour le socialiser . Déjà , la corruption de l'homme civilisé pointe son nez . On ne sait plus très bien d'ailleurs qui des deux combattants est L'HOMME SAUVAGE du film . La retraite de Sam Warner (Gregory Peck) paraît improbable à ses supérieurs de l'armée. Ses instincts d'éclaireurs sont innés . Ils ne demandent qu'à s'exprimer et en définitif il fait jeu égal avec son adversaire .
Original et classique , ce western inclassable nous hante longtemps après sa projection . Ces mêmes qualités que l'on retrouvera trois ans plus tard dans le plus unique encore CONVOI SAUVAGE de Richard C Sarafian . (Actuellement sur TCM , sortie DVD prévue le 18 Mars 09)            

 

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27 février 2009 5 27 /02 /février /2009 14:16

LA CHEVAUCHEE DE LA VENGEANCE (1959-RIDE LONESOME) Réal:Budd Boetticher , Scé.: Burt Kennedy , Ph.: Charles Lawton Jr , Mus: Heinz Roemheld , Prod.: Ranown Production/Columbia , Dist.: Action/Théâtre du Temple , Durée: 73 mn 
Avec: Randolph Scott , Karen Steele , Pernell Roberts , James Coburn , James Best , Lee Van Cleef  
  
Pas de mythologie de l'Ouest mais simplement des personnages auxquels on fait confiance . Un petit groupe d'hommes , une vieille cabane , de somptueux paysages et c'est tout . Dans ces contrées dangereuses l'homme est contraint de faire des choix . C'est de ces choix que naît l'action . Toujours le héros joué par Randolph Scott est dans le faux , aveuglé par sa vengeance alors que le méchant n'est jamais un « mécréant » sans foi ni loi . Après l'humaniste Usher (Richard Boone) dans THE TALL T, Sam Boone (Pernell Roberts) est carrément gentil et juste dans LA CHEVAUCHEE DE LA VENGEANCE.
Cette fois réalisateur et scénariste vont au bout de leur idée , nous privant du duel final tant attendu . Notre morale de spectateur petit bourgeois en prend un coup et nous laisse frustrer , le western nous ayant habitué à moins de subtilité . Loin des apparences et des stéréotypes les personnages qui sont sur le point de dégainer cachent derrière leur détermination leurs névroses et leurs désirs . Budd Boetticher nous prend à contre pied , en resserrant le cadre du western il simplifie à l'extrême tout en donnant aux rapports humains une richesse sophistiquée. Troubles et complexes , Ben Brigade (Randolph Scott) est du coté de la loi mais peut se comporter comme un lyncheur tandis que Sam Boone est prêt à tuer pour gagner son amnistie . Deux ennemis qui se jaugent , pas si différent que ça , qu'un code de l'honneur commun rapproche , avec des caractères où la psychologie se devine par un regard , un geste , un mot et où les intentions de chacun viennent contredire un ressenti positif .
Ce regard délicat sur ces rustres de cow-boys l'amène naturellement à dresser les plus beaux portraits féminins qui sont rares dans le western . La femme longtemps synonyme de pose dans l'action , ramenée à la scène obligée de roucoulade est ici habilement intégrée au scénario de Burt Kennedy . La dévouée Gail Russel dans SEPT HOMMES A ABATTRE , la frustrée Maureen O'Sullivan de L'HOMME DE L'ARIZONA composent des interprétations inoubliables . Karen Steele dans cette CHEVAUCHEE DE LA VENGEANCE est plus belle encore et suscite la convoitise de tous les hommes . La scène où elle peigne , à l'aube , sa magnifique chevelure dorée sous les regards libidineux de Sam et Wid (James Coburn) est troublante et sans équivoque . Sam qui s'adresse à Wid sait que « c'est un femme qui ne peut se passer d'homme » , il l'a « vu dans ses yeux » Puis s'adressant de nouveau à Wid complètement subjugué par cette vision : « j'ai dit dans les yeux ! » . Une femme, une vrai , sachant faire un bon café , de la bonne cuisine et sachant bien faire l'amour! Ce touchant tableau de gros machos qui se surprennent à rêver d'être l'homme de cette femme ne cache pas leur profond respect envers elle . Même les mescaleros veulent la posséder contre un cheval et sont prêts à combattre . Mise sur un piédestal , elle devient l'enjeu caché du film . Lors d'une conversation avec Sam , Ben , avoue avoir remarquer la beauté de cette femme qui ressemble étrangement à la sienne disparue . Même dans l'action , Karen Steele s'accroche et en impose . Dès sa première scène , elle sort du relais , armée , tire et capte l'attention des hommes . Puis lors de l'attaque des mescaleros , elle participe activement à la fusillade , n'hésitant pas à tuer pour protéger le groupe . Lorsque Ben Brigade s'est enfin vengé et qu'il la laisse partir avec Sam Boone , l'arbre aux pendus en feu symbolise sa haine et sa vengeance qui partent en fumée mais aussi son cœur incendié . Randolph Scott définitivement the poor lonesome cowboy laisse la fille la plus bandante du western lui échapper dans une fin positive des plus frustrante et mélancolique .
Budd Boetticher qui détestait les effets de style et les mouvements de caméra inutile s'impose pas moins avec ce film comme un esthète de l'image et du cadre , s'emparant du cinémascope avec une perfection de tous les instants . Les panoramiques sur les chevauchées qui semblent se dessiner sur le relief aride des paysages sont admirables de beauté . Alors que Ben et Sam chevauchent ensemble tout en discutant , des cavaliers au loin s'imposent tels des silhouettes annonçant l'action à venir .
Le cheval est au centre de l'action . Il est présent a côté des personnages . Il est utilisé avec une efficacité imparable dans la mise en scène , c'est par lui que Carrie (Karen Steele) comprend que son mari est mort . Et lorsque son cheval est blessé , Ben veille l'animal comme il s'occuperait d'un ami .
Voila simplement ce dont peut être constitué un chef d'œuvre: des chevaux , une femme et des hommes dans un western paradoxal dont le style épuré n'a d'égale que la richesse thématique . (Actuellement sur CineClassic)  

   

 

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28 janvier 2009 3 28 /01 /janvier /2009 14:19

CHEYENNE (1947)
Réal.: Raoul Walsh , Sc.: Alan LeMay , Thames Williamson , (John Huston ?) , d'après une histoire de Paul I. Wellman , Ph.: Sid Hickox , Mus.: Max Steiner , Prod.: Robert Buckner , Dist.: Warner Bros. , Durée: 100 mn
Avec: Dennis Morgan , Jane Wyman , Janis Paige , Bruce Bennett , Alan Hale , Arthur Kennedy , Barton MacLane 

Devant la grosse cavalerie des films de Raoul Walsh qui ont fait de lui un auteur encensé par les jeunes turcs des cahiers du cinéma , ils en existent d'autres moins honorables mais tout aussi réussis . C'est le cas pour le philosophique western LA RIVIERE D'ARGENT , le mélo surprenant THE MAN I LOVE , l'ode à la nature de LA BRIGADE HEROIQUE et ce CHEYENNE aux allures conventionnelles qui cachent bien son jeu .
On croit assister aux schémas classiques du western et on tombe sur un film plein de sel et de piquant qui repose sur les relations amoureuses entre Dennis Morgan et Jane Wyman qui jouent au chat et à la souris . De leur première rencontre au final , les joutes oratoires fusent pleines de mordant , entièrement dénuées de sentimentalité.
A cela vous ajoutez le sens du rythme de notre borgne préféré qui nous entraîne dans des ambiances de saloon bondé avec chanteuse sur le bar et attaque de diligence trépidante . Le scénario habile met nos deux tourtereaux dans des situations antagonistes qui les amènent à coopérer pour le meilleur et pour le pire . Le visage de Jane Wyman qui cache son jeu est souvent fermé . C'est un régal lorsqu'il s'ouvre quand les paroles de Dennis Morgan font mouche . On se croirait dans une comédie et l'humour de Walsh qui refuse de prendre son histoire au sérieux ne gâche à aucun moment le suspense de cette aventure westernienne . Alan Hale qui nous fait son numéro d'acteur dans son rôle de shérif adjoint froussard et pleutre est tout simplement hilarant .
 Tout au long de cette intrigue qui part au galop , où Morgan cherche à arrêter ce braqueur de diligence , surnommé le poète on se surprend à se dire au détour d'une réplique , d'une scène : « bonne idée , bien joué » !
Dans cette grande famille du cinéma , Walsh est un tonton plein de maturité , au regard malicieux et anarchiste . Ses films adultes et légers lui ressemblent . La toute puissance des producteurs et les contraintes des studios s'effacent devant sa volonté de nous raconter une histoire à sa façon bien à lui . S'il est considéré aujourd'hui comme l'auteur de ses films , CHEYENNE parce qu 'il n'est pas un grand mais un bon western a peut-être plus de choses à nous dire sur cet homme et rend à la fois cette notion d'auteur complètement dérisoire et essentielle . 
  

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12 juillet 2008 6 12 /07 /juillet /2008 13:27

LA BRIGADE HEROIQUE (1954-SASKATCHEWAN)
Réal.: Raoul Walsh , Scé.: Gil Doud ,  Ph.: John Seitz , Mus.: Joseph E Gershenson , Prod..: Universal , Durée : 87 mn
avec : Alan Ladd , Shelley Winters , Robert Douglas , Hugh O'Brian , John Carroll Naish
 
Une envie d'air pur , de grands espaces , de forêts généreuses , de sommets enneigés , de lacs immenses aux eaux limpides , de cascades puissantes et torrents fuyants ? Alors suivez le chemin du fort Walsh (du nom du réalisateur) pour prendre la direction de l'aventure . Un poème simple , ode à la nature comme la comptine « A la claire fontaine » qui retentit parfois à la place du clairon de la cavalerie . Au Canada les tuniques ne sont pas bleues mais rouges . Justement les sioux voient rouges et pénètrent la frontière avec la réputation de leur sanglante victoire contre Custer . La police montée en déroute à cause de son officier buté est poursuivie par les ... peaux-rouges . Mais le sergent O'Rourke (Alan Ladd) s'insurge , ses hommes avec lui , contre son supérieur . Ils fuient le danger mais s'ils arrivent au fort sains et saufs c'est la corde qui les attend .
Dans ces décors naturels grandioses ils ressemblent à des fourmis rouges qui s'agitent . Qu'importe s'il n'y a aucune issue , aucun refuge , ce qui compte c'est le souffle de l'aventure , traverser aux galops ces paysages majestueux ou glisser sur l'eau dans des pirogues volées à l'ennemi . Grace Markey (Shelley Winters) qui rejoint ce groupe et qui est accusée de meurtre partage ce sentiment . C'est une femme sans avenir mais libre qui assume ses choix , qui ne reste jamais longtemps au même endroit . Même si ce western est considéré comme mineur dans la carrière de Raoul Walsh , il est indéniable qu'il possède la marque de fabrique de notre auteur préféré : sens du rythme et de l‘espace, importance de l'action , de l'amitié et de la fraternité entre les peuples . Un cinéma qui regarde les hommes droit dans les yeux sans pontifier .
Sans hésiter , à la piété grandiloquente d'un Cecil B De mille on préfère la spontanéité et l'humanisme débonnaire d'un Raoul Walsh même mineur . LES TUNIQUES ECARLATES du premier paraissent bien fade face à cette BRIGADE HEROÏQUE souvent passé sous silence par Walsh lui-même. Le DVD qui vient de sortir rend hommage à la beauté des paysages canadiens dans une image aux couleurs resplendissantes . Une aventure à vivre , on ne le criera jamais assez !  

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17 juin 2008 2 17 /06 /juin /2008 15:38

CONVOI DE FEMMES (1951-WESTWARD THE WOMEN)
Réal.: William A Wellman , Scé.: Charles Schnee , D'après un sujet original de Frank Capra , Ph.: William Mellor , Mus.: Henry Russell , Prod.: Dore Shary , Dist.: MGM , Durée : 116 mn , N et B 
avec : Robert Taylor , Denise Darcel , Hope Hemerson , John McIntire , Julie Bishop , Lenore Lonergan , Henry Nakamura , Marilyn Erskine , Rensta Vanni , Beverley Dennis , Margaret O'Malley 
Dans L'ETRANGE INCIDENT , Wellman dénonce la folie collective du lynchage . La foule est capable du pire comme du meilleur . Le mariage improbable de Wellman avec Capra le chantre du héros Jeffersonnien et défenseur de L'HOMME DE LA RUE fait prendre au western une direction inattendue . Dans des paysages rudes et inhospitaliers , des femmes frêles et sensibles se transforment en véritable pionnières de l'Ouest . Elles suivent le chemin déjà tracé par des hommes trop orgueilleux et trop pressés de trouver une terre , qu'ils en ont oublié de fonder une famille . Alors elles partent à l'aventure , pas avec des rêves plein la tête mais avec sur le coeur une photo différente pour chacune d'entre elles . La promesse d'un visage , d'un homme à conquérir comme on prend une terre pour y vivre .
Capra et Wellman nous invitent à assister au fabuleux voyage de ces femmes qui parcourent plus de 3000 km et affrontent les plus grands dangers et intempéries de l'Ouest . Formidable spectacle tout à l'honneur de la gent féminine pleine de ressources humaines . Avec une mention spéciale pour la gigantesque et drolatique Hope Homerson dans le rôle de Patience avec dans la bouche toujours une métaphore maritime , un courage et une détermination à toutes épreuves . La plus belle scène étant sans doute la traversée insurmontable du désert sec et aride où tout est mort . Dans un chariot , une femme est sur le point d'accoucher dans ce lieu étranger à toutes naissances . Et lorsque la roue lâche c'est un formidable élan de solidarité qui tient fermement le chariot pour que renaisse l'espoir!
Le scénario et la mise en scène regorgent de belles idées comme celle-ci pour ce qui est l'un des dix meilleurs westerns de l'histoire du cinéma . Le plus intéressant n'est peut-être pas cet extraordinaire ode à la femme mais ce cow-boy macho et misogyne (Robert Taylor) complètement désemparé et même dépassé par la dextérité de celles dont il a la charge . Plus habitué à dresser les chevaux et ramener le bétail , lorsqu'il se fâche contre Fifi Danon (Denise Darcel) son fouet qui claque sonne plus comme une marque de faiblesse qu'un acte de violence machiste . Il est troublé et sa chevauchée des sentiments  pour rattraper sa belle en fuite dans le canyon est d'une sensualité qui décoiffe .
Coup de chapeau donc a ces femmes qui s'emparent du western et prennent les rênes jusqu'au final heureux du quart d'heure américain , pas pour une danse mais pour la vie .
   

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