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13 juillet 2008 7 13 /07 /juillet /2008 20:07

LA NUIT NOUS APPARTIENT (2007-WE OWN THE NIGHT)
Réal.: James Gray , Scé.: James Gray , Ph.: Joaquin Baca-Asay , Mus.: Wojciech Kilar , Prod.: Mark Wahlberg et Joaquin Phoenix  , Dist.: Wild Bunch Distribution , Durée 1H53 
Avec : Joaquin Phoenix , Mark Wahlberg , Robert Duvall , Eva Mendes , Alex Veadov , Tony Musante
               

Fichtre! Qu'il est bon Joaquin Phoenix( Bobby Green) dans LA NUIT NOUS APPARTIENT , c'est Al Pacino dans LE PARRAIN . Vous savez la scène où il prend une arme dissimulée dans la cuvette des chiottes et qu'il retourne s'asseoir dans le resto face au chef de la police et au mafieux . Il est là , il les écoute et son regard en dit long sur ce qu'il ressent : sa haine , son mépris , son désir de vengeance , sa détermination , sa peur aussi . Tous ses sentiments qui passent à travers son regard avant qu'il les exécute. Et bien Joaquin Phœnix a le même lorsque Vadim le responsable de l'agression de son frère vient s'asseoir à sa table pour lui proposer de participer à son trafic de drogue . Lui aussi devra faire un choix dans ce PARRAIN à l'envers . La famille n'est pas la même , ici nous sommes du côté des flics . Mais ni la police , ni la mafia russe n'intéresse James Gray . Depuis LITTLE ODESSA et THE YARDS , ce réalisateur se passionne pour les déchirements des liens du sang à l'intérieur du film noir . Il n'y a que les grandes courges du jardin Cannois pour n'avoir rien compris et sifflet un film jugé trop moralisateur et caricatural entre le bien et le mal . Qu'est ce qu'on lui reproche à James Gray au juste , d'avoir l'art et la manière pour nous plonger dans les ténèbres de cette tragédie familiale ?
Un film beau comme un diamant noir qui parle de rédemption avec l'accent de la fatalité . Dans la scène du laboratoire clandestin et sur la totalité de cette belle ouvrage , il est passionnant de voir un réalisateur prendre le pouls de son acteur fétiche . Il le déprime , le plonge dans les ténèbres , le drogue et le fait flipper à mort . Tout palpite en lui , des paupières jusqu'au cœur . Il se sent étouffer comme quelqu'un qui se noie sans pouvoir se raccrocher au bord de la piscine . Lesté d'un poids mort (son irrésistible ascension aux enfers) , il coule alors qu'il voudrait être léger comme une « plume » . Il lui faut changer de religion . Sa boite branchée de Brooklyn n'est pas la bonne église pour lui . C'est au bal de la police que vont danser les siens . Et comme son frère (Mark Wahlberg) , son père (Robert Duvall) , il aura gravé sur son dos les initiales N.Y.P.D. Les liens du sang sont les plus forts et c'est à sa famille qu'il se raccroche . Les sentiments de ces trois là se télescopent , les mauvais se nouent et se dénouent , les bons se croisent et se décroisent car dans ressentiment il y a toujours sentiment ! Dorénavant, Bobby voit clair mais la vie a la couleur du noir , l'odeur de la peur . Un déluge tombe sur lui après une mémorable poursuite en voiture digne d'un William Friedkin de la meilleure époque . Il lui faut traverser la fumée blanche de la coke et des fumigènes pour retrouver l'héritage de son sang après avoir versé celui de Vadim . La tête de la Mafia Russe tombe avec à son cou une étoile de David et une croix Chrétienne . Une famille soudée au nom du Dieu Dollar . Sa prière est exaucée mais Bobby cherche du regard sa sublime portoricaine (Eva Mendes) loin de cet autre enfer où il est descendu. La nuit vous possède , vous happe et vous broie . Méfiez-vous d'elle! Elle n'a jamais été aussi sexy. Jamais , elle ne pourra vous appartenir .
( pour couper le sifflet définitivement à tous les détracteurs de ce film , il faut le comparer à AU BOUT DE LA NUIT de David Ayer , une véritable bouse qui prétend s'inspirer de James Ellroy avec un Keanu Reeves en flic aux yeux plein de m..., qui est le seul à ne pas s'apercevoir qu'il est manipulé par son lourdaud de supérieur . Comme quoi , il ne suffit pas de traiter de la corruption chez les flics , d'avoir un personnage alcoolique et violent pour se faire passer pour un film noir! Le méprisable et caricatural « politiquement correct » ne se trouve pas toujours là où on le croit !)
  

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