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6 mars 2017 1 06 /03 /mars /2017 08:48

Gershwin a disparu

Un chauffeur de taxi s'octroie une petite liberté avec le règlement en acceptant d'entrer chez une charmante cliente pour être payé, y laisse son ADN, et termine sa journée. Le lendemain, la police débarque chez lui. La fille de sa cliente a été enlevée.
C'est le début d'une descente aux enfers pour notre innocent quidam. Son intégrité bafouée par une enquête policière menée à charge, notre présumé coupable se retrouve broyé dans l'engrenage d'une machine judiciaire qui s'emballe. 
D'autres faits divers et romans ont déjà inspiré le thème de l'erreur judiciaire, mais pour son premier film au cinéma, Gilles Bannier réussit à maitriser avec efficacité son sujet en l'inscrivant dans une approche documentaire. 
La mise en scène réaliste suit l'interprétation nuancée de Reda Kateb subissant les décisions d'une justice mal rendue par ses acteurs. 
La plus grande force du film est peut-être dans son casting. Des deux flics inexpérimentés et sans scrupules qui veulent en finir au plus vite, à l'avocat nul de la défense désigné d'office, en passant par la fiancée frustrée qui doute : tous sont formidables de réalisme. 
 Certes, la pression des médias qui demande des résultats, la lourdeur de l'administration avec ses maladresses inhumaines, les incompétences ou les petits arrangements divers qui s'accumulent tout le long du film peuvent paraître comme une charge virulente et caricaturale contre l'appareil judiciaire.
On objectera que les affaires d'Outreau et de Patrick Dils, par exemple, sont des mauvais scénarios sans ratures qui multiplient en dépit du bon sens les bavures. 
Enfermés dans les Codes et procédures juridiques, les acteurs qui rendent la justice se déshumanisent, et en deviennent aveugles quand la vérité est devant eux.
Même quand ils cherchent à réparer leurs erreurs, ils le font avec une extrême rigueur en prenant un pourcentage sur les indemnités qui seront versées à leur victime.
Dans cette traumatisante mésaventure, le personnage de Reda Kateb a perdu plus que son chat Gershwin. Quand il veut le récupérer, l'administration de la SPA aussi est sourde lui expliquant que c'est compliqué. Et lui rétorque qu'il suffirait que Gershwin le voie pour qu'il se jette dans ses bras.
Dernière pirouette absurde d'une société ridiculement inquiétante.

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commentaires

A
toujours un plaisir de flâner sur vos pages. au plaisir de revenir
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