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23 mai 2008 5 23 /05 /mai /2008 17:59

LA RUE ROUGE (1945-SCARLET STREET)
Réal.: Fritz Lang , Scé.: Dudley Nichols , D'après le roman et la pièce "la chienne" de Georges de la Fouchardière et Mouézy-Eon , Ph.: Milton Krasner , John P Fulton , Mus.: Hans J Salter , Déc.: Alexander Golitzen , Russel A Gausman , Carl Lawrence , Prod.: Diana Production Inc/Universal International Picture , Durée: 101 mn  
Avec: Edward G Robinson , Joan Bennett , Dan Duryea 
Quelques grandes pointures hollywoodiennes se sont frottées aux remakes de succès français des années trente . A marcher sur les pas d'autrui et fouler un univers qui ne leur appartient pas , elles s'égarent et perdent en majesté . Mais lorsqu'il adapte LA CHIENNE de Jean Renoir , Fritz Lang reste droit dans ses bottes et nous livre sa propre version teintée de noire sur sa palette celluloïd de peintre moderne . Certes , il reprend son trio d'acteurs Robinson , Bennett , Duryea sans retrouver la perfection de LA FEMME AU PORTRAIT mais il va encore plus loin dans ses thèmes de prédilection . Ici , il n'est plus question de prouesse technique finale , nous ne sommes pas dans un mauvais rêve mais dans la réalité cruelle . Un univers sombre et pessimiste où l'individu est pris entre l'étau de la société et de ses désirs . Un simple caissier de banque (Edward G Robinson) décide de franchir la rue comme on pénètre dans un autre monde pour rejoindre sa psyché . Mais la société durant toutes ses années a appris  à Christopher Cross de réprimer ses envies et ses passions . Complètement aveuglé et fou d'amour pour Kitty March (Joan Bennett) il ne comprend pas qu'elle se moque de lui et qu'il est manipulé par Johnny Prince (Dan Duryea) . Il lui faut mentir et voler pour assouvir ses désirs qui ne sont pas des réalités . La force du film est aussi sa faiblesse car Lang , peintre frustré comme son personnage principal force le trait dans la noirceur et la cruauté . Du coup , Cross est à coté de ses pompes jusqu'à la caricature et Kitty qui le fait marcher jusqu'au bout se délecte sans une pointe de pitié de la crédulité de sa victime . D'ailleurs victime , elle l'est aussi en cherchant l'amour illusoir de son souteneur ; un mythomane condamné à rester un minable .
La rue est sans pitié . On ne change pas impunément de trottoir . La seule réalité de l'individu c'est sa position sociale qu'il occupe dans la société . Tout le reste lui est spolié . Le statut d'amoureux de Cross repose sur du vent . Son statut de peintre génial lui est aussi usurpé . Son mariage avec son épouse acariâtre n'est qu'une chimère . L'étau se resserre et ses voles lui font perdre la seule identité que lui concède la société , en étant licencié . Et lorsque ses mensonges l'entaînent jusqu'au point de non retour , il est nié jusque dans sa position de meurtrier . Son sentiment de culpabilité l'accable . La torture est totale . Tous les trois sont coupables comme ils sont victimes . Les innocents n'existent pas chez Lang . Impuissant de n'avoir pu réaliser ses rêves , c'est un homme anéanti , écrasé par le poids de sa culpabilité et de ses névroses qui s'éloigne dans la rue .
La psychanalyse est encore évidente dans cette histoire au sadisme et au masochisme latent comme elle le sera encore plus dans cette oeuvre envoûtante et onirique qu'est LE SECRET DERRIERE LA PORTE .  

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