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7 mai 2008 3 07 /05 /mai /2008 16:14
WELCOME TO HARD TIMES (1967)Réal. et Scé.: Burt Kennedy , Ph.: Harry Stradling Jr , Mus.:Harry Sukman , MGM , 105 mn
avec: Henry Fonda , Janice Rule , Janis Paige , Keenan Wynn , John Anderson , Warren Oates , Aldo Ray , Edgar Buchanan , Lon Chaney Jr. , Royal Dano , Denver Pyle , Paul Fix , Elisha Cook Jr. , Fay Spain  
Le talent de Lee Marvin dans 7 HOMMES A ABATTRE et de Richard Boone dans THE TALL T doit beaucoup aux scénarios subtils de Burt Kennedy , aux méchants toujours biens soignés . Mais lorsqu'il quitte Budd Boetticher pour tâter lui aussi de la réalisation , il ne retrouve pas cette excellence . La passion semble disparaître , son travail devient passable . Il se vautre , sans doute par faciliter dans la parodie de western alors qu'un certains Sergio Leone devient le digne héritier de l'Ouest à la sauce Italienne . C'est dire à quel point , ce WELCOME TO HARD TIMES sort du lot par son caractère singulier et sans compromis .
Hard Times est une ville qui porte bien son nom dans un trou perdu au fin fond de l'Ouest . Aride le jour , glaciale la nuit , elle survit grâce à son puit , au passage de la diligence et aux mineurs venus dépenser leur solde dans les bras des prostituées .
Alors quoi ? C'est ça la conquête de l'Ouest ! Des pauvres bougres qui cherchent le paradis en enfer ! Le plus dangereux ce n'est pas cette contrée inhospitalière mais l'homme lui-même . Cette ville squelettique qui ne rêve qu'à devenir obèse n'est qu'une pute soumise qui dépend de l'intrusion de n'importe quel dément . Imbibé d'alcool , stature imposante , Aldo Ray impose son corps qui parle pour lui , inspire la terreur et respire le Fantastique . L'odeur de la peur , du viol et du meurtre se répand dans toute la ville . Les habitants sont pleutres et ne font pas le poids même contre un seul homme car il sait se servir d'une arme . Seul , le croque-mort (Elisha Cook) se rebelle et périt dans une flaque de boue plus grande que lui . Son adversaire tel le diable condamne son âme perdue à errer au triple galop dans son corbillard . Le maire et avocat , Will Blue (Henry Fonda) , seul lettré de la ville pourrait intervenir mais il ne le veut pas . Sa lâcheté ne vient pas de sa peur mais de son égoïsme . Et l'édifice de la ville fondée sur l'individualisme cher aux américains s'écroule sous les flammes n'ayant pu se former en véritable communauté .
 Le scénario très noir de Burt Kennedy fait patauger le western dans sa propre boue . Ses valeurs sont mis à mal et pris dans l'orage et la tempête . Les éléments sont contre lui . La détermination de Blue de vouloir reconstruire la ville sur ses décombres nous suggère le caractère dérisoire des déplacements de population . La fameuse conquête n'étant qu'une fuite en avant selon les événements . Les armes à feu sont condamnées et montrées comme les ennemis de toutes civilisations . La haine qui va de pair avec la vengeance se heurte à une impasse . Ainsi , même si le personnage de Warren Oates est plein de bonté , il est amené à mourir car il use trop de son colt . Traumatisé , "la femme" de Blue est aveuglée par son obsession de se venger et périt malgré sa position de victime . Difficile pour l'homme d'être à la hauteur de sa dimension humaine dans cette Ouest sauvage et violent . Le seul espoir que l'on peut trouver , c'est dans Hope: une ville fantôme voisine , réserve naturelle de planches salutaires pour la reconstruction d'une ville comme un radeau en mer , en pleine tempête . Quant aux indiens , inutile de chercher une réhabilitation à la mode . Le seul présent est un ermite à la gueule de second couteau célèbre (Royal Dano) qui vit un peu en retrait de la ville et qui est tout juste toléré grâce à ses compétences en médecine . D'ailleurs , des gueules connues qui n'en finissent pas d'aiguiser leur lame dans les westerns , vous en trouvez plein ici tels que l'épicier John Anderson , le jovial et dynamique Denver Pyle sur sa diligence ou encore Keenan Wynn , Paul Fix et Edgar Buchanan...Le plus souvent des simples silhouettes avec peu ou pas de dialogue mais à la présence forte dans une histoire désenchantée d'une ville triste où il n'y a jamais de naissances . Constat amère d'un homme en reconstruction qui fait de son individualisme , non plus une fin mais un moyen . Hard Times peut enfin trouver son salut dans sa capacité de survivre et d'espérer et prend figure humaine lorsqu'elle décide d'affronter le retour du dément . (Diffusions sur TCM) . 

 
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