ESTHER (2009-ORPHAN)
Réal: Jaume Collet-Serra, Scé.: David Johnson, d’après une histoire d’Alex Mace, Ph.: Jeff Cutter, Mus.: John Ottman, Prod.: Leonardo di Caprio, Joel Siver, Dist.: Warner Bros, Durée: 2h03
Avec: Vera Farmiga, Peter Sarsgaard, Isabelle Fuhrman, C.C.H Pounder, Jimmy Bennett, Margo Martindale, Karel Roden.
Alors qu’AVATAR de Cameron est encore dans toutes les bouches, ESTHER n’a pas manqué d’arriver jusqu’à nos oreilles. Ce petit thriller horrifique rudement bien ficelé continue le sillon déjà tracé par Alejandro Amenábar. Ce passionné madrilène de cinéma de genre entraîne avec lui d’autres brillants cinéastes comme Jaume Balageró (LA SECTE SANS NOM), Juan Antonio Bayona (L’ORPHELINAT) et ici Jaume Collet-Serra. Dans ce domaine les espagnols cartonnent et les ricains ne s’y trompent pas pour faire des remakes de leurs films ou faire appel à eux pour réaliser des productions US. Cette vague de séries B dévaste tout sur son passage de l’autre côté des Pyrénées pour en faire presque oublier le génial Pedro Almodovar et sa «movida» madrilène.
Collet-Serra met tout en œuvre pour nous faire sursauter, il connaît les ficelles qu’il faut tirer au bon moment pour réussir à nous impressionner. Sa direction d’acteurs est irréprochable et tous sont impeccables: le père aveugle de ce qui se passe réellement et qui doute de sa femme, la mère fragile et combative, le fils aîné sceptique et dubitatif, la benjamine sourde muette terrorisée d’effroi de ne pouvoir dire ce qu’elle sait, la psychiatre à côté de la plaque, la mère supérieure sans instinct de l’orphelinat. Tous sont manipulés par l’enfant monstre qu’est ESTHER: jeune et géniale Isabelle Fuhrman qui vous fera passer l’envie d’adopter un enfant.
Collet-Serra prend son temps pour tendre ses ficelles sans jamais les rompre et insuffle une tension sourde et hallucinante. Comme dans ce genre de production, les lieux où se déroule l'action participent activement au suspense mise en place: l’orphelinat baigné de lumière, la maison luxueuse d’architecte , le bois et la cabane dans l’arbre, le lac gelé menaçant, le terrain de jeu avec ses balançoires et son toboggan sont les témoins de ce que personne n’arrive à comprendre à temps. Avec pour augmenter ce sentiment de claustrophobie cette neige « à la SHINING » qui ne cesse de tomber.
Mais la réussite du film tient surtout dans sa révélation finale qui nous plonge la tête dans l’eau glaciale. Les plus sceptiques des spectateurs qui s’attendent à ce que le château de cartes bien monté s’écroule vers la fin seront frustrés. L’édifice solide érigé par la mise en scène prend tout son sens avec ce dénouement machiavélique.
Le spectateur qui se croit plus malin que les personnages, lui aussi, ne la pas vu venir!