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26 septembre 2008 5 26 /09 /septembre /2008 17:11

LA VIE FACILE (1949-EASY LIVING) Réal.: Jacques Tourneur , Scé.: Charles Schnee , Ph.: Harry J. Wild , Mus.: Roy Webb , Prod.: Robert Sparks , Dist.: RKO , Durée: 77 mn   

Avec: Victor Mature , Lucille Ball , Lizabeth Scott , Lloyd Nolan , Paul Stewart , Sonny Tufts , Don Beddoe                           

La RKO n'est pas très riche mais elle a un coeur en or pour Jacques tourneur qui fait l'économie de moyens pour un maximum de frayeurs . La peur est hors champ . L'esprit du mal bien présent . On croit l'avoir vu mais non c'est l'art de la suggestion de Tourneur qui nous joue de mauvais tour dans LA FELINE , VAUDOU , L'HOMME LEOPARD . Avec ses premiers RENDEZ-VOUS AVEC LA PEUR , son cinéma se met en place . Un savoir-faire où les visages et les décors sont éclairés pour mieux nous jeter dans le doute de l'obscurité . Tourneur sans cesse nous surprend . Avec lui , les hommes sont des fantômes , des mystères jamais élucidés . Son regard sur le monde est d'une lucidité extrême qui ne peut se résoudre à la réalité . Comment combattre l'invisible ? Faisons de lui un ami ! Notre inconscient un allié , nos intuitions des vérités . Sa démarche est unique . Par exemple , dans WICHITA , un duel menaçant est avorté par une poignée de mains tandis qu'une balle perdue peut terrasser un enfant . Le souffle de l'invisible qui revêt souvent l'habit du Fatum est accompagnée d'un sens pictural et pittoresque de l'image .
Dans un univers étrangé à Tourneur (celui du sport) , LA VIE FACILE est un mélo où les personnages sont aveugles et avancent dans la société comme des zombies qui ont soif de réussite sociale . Les hommes sont emprisonnés le plus souvent par des ombres de grilles , stores , volets , barreaux en tout genre , d'une force symbolique dont on ne peut s'échapper . Les rapports humains pervertis par l'argent sont d'une grande cruauté et l'âme la plus belle , celle de Anne (Lucille Ball) est obligée de se cacher sous un cynisme mélancolique .
Les relations amoureuses sont difficiles et tourmentées . Le romantisme n'a pas sa place ici , juste dans une chanson lors d'une soirée tandis qu'un couple s'entre-déchire , contraste saisissant pour une ambiance d'amertume .
 Pete Wilson (Victor Mature) , le roi du football américain est au sommet de sa gloire . Sa femme (Lizabeth Scott) l'aime pour son argent , tremplin pour sa propre ascension sociale et le trompe avec un riche pervers . Atteint d'une maladie de cœur (au propre comme au figuré) , il perd l'équilibre et chute victime de la société capitaliste qui fonde la richesse sur le modèle du bonheur . Envoûté lui aussi par le système il ne peut se résoudre à dévoiler sa maladie à sa femme arriviste . Qu'importe le talent , le gagnant est celui qui ramène le plus d'argent . Son employeur , les médias sont de connivences , il est devenu un billet de banque! Même à l'intérieur de l'équipe , ça pue l'individualisme malsain , les coéquipiers de Victor Mature en déclin lui offrant des béquilles . A part Anne et son meilleur ami , tous lui tournent le dos car il est devenu à leurs yeux un loser . Tourneur nous surprend de nouveau avec cette féroce et subtile charge sociale auquel il insuffle sa vision très noire . Pete Wilson ayant à plusieurs reprises l'intuition de sa chute annoncée et le photographe qui rôde tel un oiseau de mauvaise augure prêt à plonger sur sa proie à la moindre défaillance , sont typiquement Tourneurien .
Un film de commande trop longtemps ignorée , par son réalisateur lui-même , qui gagne à être connu pour son scénario écrit au scalpel par Charles Schnee, l'auteur des ENSORCELES de Vincente Minnelli , sa photographie soignée et sa mise en scène subtile et tragique signée Jacques Tourneur . (existe en DVD) 
 

 

 

 

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