Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
4 octobre 2008 6 04 /10 /octobre /2008 10:28

BABY BOY FRANKIE (1961-BLAST OF SILENCE)
 Réal.: Allen Baron , Scé.: Allen Baron, Mel Davenport , Ph.: Merrill S Brody , Mus.: Meyer Kupferman , Dean Sheldon , Prod.: Magla Productions , Dist.: Ciné Classic , Durée: 77 mn 
a
vec: Allen Baron , Molly McCarthy , Larry Tucker , Peter Clame , Danny Mechan    

Les amateurs de film noir le savent bien . Le destin est une putain , capable de vous faire atteindre le septième ciel ou de vous laisser sur le trottoir . Comment expliquer qu'avec un tel premier film Allen Baron n'ait pas eu la chance de poursuivre sa carrière au cinéma au lieu de se mettre servilement au service de la petite lucarne ?
Un petit chef-d'œuvre qui sort enfin de l'obscurité comme son générique : une lumière au loin se rapproche. Nous sortons d'un tunnel alors qu'une voix off traînante et rocailleuse décrit la naissance de Frankie Bono , sa trajectoire vers la haine et la violence . Bienvenue à Manhattan , ses lumières et décorations de Noël, ses quartiers mouvants , sa population mobile où déambule notre tueur à gages avec comme seul compagnon sa solitude . Amateurs d'enquête policière , d'intrigue à rebondissements passez votre chemin . La voix off omniprésente et dérangeante de Lionel Stander (le fidèle Max de la série l'amour du risque) nous dresse le portrait complet de ce tueur professionnel . Son enfance et ses traumatismes , ses pensées et ses doutes , ses croyances et ses illusions dans une rédemption par l'amour .
Sa personnalité jusque dans sa psyché nous est dévoilée . Le spectateur se retrouve comme lui , mal dans sa peau et perturbé dans sa tête . Seul , effroyablement seul . Comme lui , il marche de long en large dans les rues de cette ville qui n'est jamais aussi belle que lorsqu'elle est photographiée en noir et blanc . Il suit sa future victime , un petit caïd d'une mafia de quartier . Il apprend à le haïr et connaître ses habitudes pour mieux le tuer au moment propice . Pour exécuter son contrat , qu'il sait être le dernier , il doit se procurer un calibre 38 et son silencieux .
Voilà le plus gros de l'intrigue réalisée sans moyen , combinant intelligemment l'imagerie des films noirs des années 40/50, sa mise en scène classique et un style réaliste et naturel très Nouvelle Vague . Quelque part entre Jean Pierre Melville et John Cassavetes . Une puissance visuelle admirée par Martin Scorsese .
D'ailleurs , Allen Baron qui interprète lui-même Frankie Bono a des allures avant la lettre de Robert De Niro dans TAXI DRIVER . La similitude du regard des deux cinéastes est frappante . Fortes sont les images comme ce long plan fixe d'une silhouette à l'horizon qui s'avance vers nous . Celle de l'âme d'un tueur qui hante une ville encore endormie après s'être occupé du trop gourmand Big Ralph . Ou encore cette même silhouette paumée sur le toit d'un immeuble qui guette sa proie tel un ange du mal qui se prend pour Dieu , ayant droit de vie et de mort sur les hommes . Frankie Bono de Cleveland est un psychopathe qui s'ignore . Solitaire qui assassine sans état d'âme et simple quidam qui souffre de solitude . La musique Jazz incessante et ce chanteur qui martèle son conga résonne dans sa tête , l'entraînant vers sa fin inexorable dans un petit village de pêcheurs d'une puissance visuelle elle aussi troublante . (Existe en DVD) 
  

 

 

Partager cet article
Repost0

commentaires