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11 novembre 2018 7 11 /11 /novembre /2018 17:45

Rencontre d'un autre type

 

Quand, dans différents endroits de la planète, douze monolithes apparaissent dans le ciel pour rester en lévitation, le monde entier retient sa respiration. Une présence extraterrestre est arrivée là et attend, laissant en suspens la question vitale : pourquoi sont-ils ici ?
La linguiste Louise Banks (Amy Adams) et le scientifique Ian Donnelly (Jeremy Renner) ont pour mission d'établir le premier contact pour connaître leur motivation et peut-être confirmer ce que l'humanité craint : une invasion.
Mais quand on ne vit pas dans le même monde, qu'on ne parle pas la même langue, communiquer prend du temps et doit accaparer toutes nos attentions. Un mot mal déchiffré peut être mal interprété et l'inconnu qui fait peur peut être vite perçu comme l'agresseur. L'homme est ainsi fait ; il n'a pas assez confiance en son humanité. L'étranger qui vient de loin veut-il toujours nous exterminer pour prendre notre place ou veut-il juste notre bien pour nous rassembler ? 
Sublime film de SF qui prend à contre-pied tout ce qui a pu être fait auparavant et parle en définitive de nous : les humains.
Convié à une rencontre d'un autre type, le spectateur, dans la peau de Louise, touche de sa main l'écran blanc qui le sépare de ceux qui ne sont pas des envahisseurs. Il peut voir désormais le monde d'un autre temps.

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8 octobre 2018 1 08 /10 /octobre /2018 10:39

Cash cache dans le noir

Thriller horrifique habile et malin qui dresse un rapide portrait psychologique et social de trois jeunes avant d'entrer dans le vif du sujet ; c'est-à-dire la maison qu'ils veulent cambrioler. 
Le propriétaire, vétéran aveugle, dernier résidant d'un quartier abandonné de Détroit veille, seul, sur son magot. Du cash qui se cache quelque part. L'aubaine est trop belle et ne laisse aucune place à l'amoralité de la situation. 
Bien entendu, l'infraction ne se passe pas comme prévu, cinéma de genre oblige. On ne pénètre pas impunément dans l'antre obscur de l'inconnu. 
Pourtant rien n’est convenu. Le scénario ne cesse de nous surprendre avec brio et nous entraîne plus profondément dans les tréfonds secrets de la maison. La terreur aveugle est un esprit dérangé qui, dans l'obscurité, nous frôle, se saisit de nous pour ne plus nous lâcher. Impossible de lui échapper, de sortir de cet enfer clos où l'on retient son souffle pour ne pas nous entendre respirer.
Ici, pas de surenchère d'hémoglobine rouge vif, mais des giclées de rebondissements psychologiques dans le noir qui attribuent au film une interdiction au moins de 16 ans.

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7 octobre 2018 7 07 /10 /octobre /2018 20:36

Comme une odeur de soufre

La femme asservie, bafouée, maltraitée, mutilée par le mari, le père ou le propriétaire. La perversion masculine réunie en un seul personnage : un révérend d'origine néerlandaise ravagé par la vertu qui tue au pays du Far West. Guy Pearce est un effroyable psychopathe, prédicateur prédateur qui jette son dévolu sur une sage-femme muette tenace. Dakota Fanning représente la fille, l'épouse, la mère flouée vouée à s’échapper de cette emprise forcée de l'injustice du mâle. 
Au nom de Dieu, la religion chrétienne est faite par les hommes et pour les hommes. La femme n'a pas sa place. Avec un regard malsain et nauséeux, le film (interdit au moins de 16 ans) délivre son message féministe et anticlérical. Il vous met les tripes à l'air et vous les enroule autour du cou. Son style manichéen et lourdement démonstratif est difficile à soutenir, mais il s'appuie sur un habile et malin scénario découpé en quatre chapitres qui apportent son lot d'innommables surprises. Au western et au thriller qui s'entremêle ; le premier a le mérite de donner la parole toujours coupée aux prostitués des maisons closes, et le second donne une leçon émérite d'efficacité dans le suspens. 
La traque est longue, mais la fuite de la femme avance. Et sa destinée n'a pas fini de s'émanciper.

 

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7 octobre 2017 6 07 /10 /octobre /2017 22:21

L'hymne des sentiments

 

Après la sanglante Première Guerre mondiale, la perte d'un être cher fait perdurer l'enfer. Le Français Adrien (Pierre Niney) en est revenu. Il cherche à rencontrer les proches de l'Allemand Frantz qui n'a pas eu cette chance. Le fils unique chéri n'est plus. Et l'amour de sa fiancée, Anna, n'a pas vécu. Les vaincus ont tout perdu, mais la main tendue du Français les rapproche de leur fils disparu.

Quand l'explosion des bombes cesse, le vent sur les feuilles fait entendre ses caresses, constate Adrien qui ne trouve pas la paix.

À fleurir la tombe vide de ses souvenirs, Anna n'est pas moins torturée. Écartelée entre le chant allemand et la Marseillaise, elle est à l'écoute de l'hymne de ses sentiments dans les ruines de son passé où toute tentative de reconstruction semble vouée à s'écrouler.

Des deux côtés de la frontière, les entraves et fêlures accumulées l'empêchent de libérer son âme. L'interprétation remarquée de Paula Beer brosse le portrait sensible de cette femme partagée entre ses émotions.

La mise en scène de François Ozon pousse les personnages dans leurs derniers retranchements pour mieux relancer le suspense de ce mélo tout en retenue raffinée. Maligne, elle nous fait croire à leurs mensonges et à ce qu'ils ne peuvent exprimer. Dans un somptueux noir et blanc contrasté, parsemé de scènes colorées aux teintes pastel, Ozon ose abuser du classicisme et du romantisme avec succès. S'inspirant d'une pièce pacifiste de Maurice Rostand adaptée au cinéma en 1932 par Ernst Lubitsh, il étreint son sujet pour en faire une œuvre indémodable, hors du temps.

Non, le cinéma de papa n'est pas mort. Il reste d'actualité, car les bombes ne cessent pas de tomber et les sentiments humains de s'élever.

 

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26 mars 2017 7 26 /03 /mars /2017 18:29

Franchir la frontière.

 

Western et horreur. Innovante recette très tentante qui peut facilement tomber à plat ou pas. Pour que ces deux ingrédients se marient harmonieusement, un respect des codes du genre savamment dosé est à souhaiter.

D'abord, il faut entrer dans le vif du sujet.

En scène d'ouverture, deux rôdeurs, après avoir égorgé leurs victimes dans une contrée isolée, se font à leur tour agresser par des sauvages difficilement identifiables. L'un des deux parvient à s'échapper et trouve refuge dans une petite bourgade.

Puis, il faut laisser reposer et prendre son temps pour présenter les principaux personnages.

Il y a le tueur d'Indiens aguerri à la gâchette facile. Le shérif malin et expérimenté. Son vieil adjoint bavard et attachant comme dans RIO BRAVO. Et le romantique blessé qui veut retrouver la femme de sa vie. Car les sauvages se sont introduits en ville durant la nuit et l'ont kidnappée pour l'emmener quelque part entre le Texas et le Nouveau-Mexique.

Comme dans LA PRISONNIERE DU DÉSERT, nos quatre personnages, archétype du western classique, vont donc se lancer dans cette expédition de sauvetage. Sauf qu'ici les sauvages ne sont pas des Indiens, mais d'obscurs et terrifiants troglodytes pratiquant le cannibalisme.

Nous sommes conviés à assister à un voyage au bout de l'enfer au rythme d'une chevauchée avortée lorsque nos héros se font voler leurs chevaux. Démarche ralentie pour mieux connaitre ces personnages bien écrits et avoir peur pour leur vie quand ils arriveront au pays de l'horreur. Quand ils franchiront la frontière d'un genre qui n'est pas le leur.

La mise en scène soignée sans grande originalité se met humblement au service de son sujet. Quand les troglodytes apparaissent brusquement, ils n'en sont que plus terrifiants. Un peu à l'image de L'HOMME SAUVAGE de Robert Mulligan, où l'Indien était insaisissable et imparable, les cannibales possèdent une bestialité fantastique qui détone dans l'univers de ce western interdit aux moins de 16 ans.

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19 mars 2017 7 19 /03 /mars /2017 18:39

Compte à régler.

 

JUSQU'EN ENFER, Sam Raimi nous y avait déjà emmenés avec le cultissime EVIL DEAD et ses suites. Après quelques films plus sages et le succès des premiers SPIDERMAN, le sale gosse allait-il définitivement rentrer dans le rang ? L'embourgeoisement l'attendait-il au tournant ?

Nous sommes en 2009, notre société en crise financière se révèle en plein égarement. Les valeurs morales perdent leur repère jusqu'à devenir virtuelles. L'air du temps est au sourire en serrant les dents. Sam Raimi décide d'y croquer dedans à l'aide des bonnes recettes d'antan.

Son héroïne est une gentille employée de banque avide d'ascension sociale. Pour réussir, elle doit se durcir et fait un choix fatal en refusant un renouvellement de prêt à une pauvre vieille gitane. Se sentant humiliée, la hideuse et répugnante femme lui jette un mauvais sort.

Pendant trois jours, elle subira les plus grands tourments avant d'être jetée dans les flammes de l'enfer par le Lamia, le démon des gitans.

Pour conjurer cette malédiction, elle peut compter seulement sur l'aide aveugle de son fiancé et sur un médium au don limité.

Des ombres menaçantes aux bruitages étranges, notre réalisateur chevronné déploie tous les artifices de mise en scène qu'il connait. Certes, il y a les passages obligés, déjà vus, appartenant au lexique du film fantastique, mais c'est surtout avec les petits riens qu'il capte notre imagination.

Il nous fait peur et nous écoeure en injectant de l'insolite dans les choses du quotidien. Le dentier et le mouchoir de la vieille, sa main de sorcière aux ongles qui claquent sur la table, le bouton de manche anodin qu'elle arrache à sa victime, la mouche qui pénètre dans les orifices, l'oeil dans la porte avant de s'ouvrir ou le gâteau maison aux ingrédients indigestes apparaissant comme des armes démoniaques qui frappent l'esprit.

Vous l'avez compris, nous sommes dans une série B d'horreur jouissive bien dégueu qui ne se prend pas au sérieux, mais qui vous fera maintes fois sursauter et toujours jubiler.

Combattive, la petite banquière qui a des comptes à régler avec sa culpabilité se révèle tenace dans l'adversité.

Parviendra-t-elle à conjurer le mauvais sort et faire son mea culpa ?

Comptez sur un final percutant qui ne vous décevra pas.


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13 mars 2017 1 13 /03 /mars /2017 19:27

Si Dieu a créé le monde...

 

Devant ma télé, l'enfant que j'étais il y a des années fut emporté par un western singulier de 1971. Comme le début d'un rêve étrange d'un navire voguant sur la terre, le générique du CONVOI SAUVAGE montrait la lente progression d'une expédition de trappeurs trainant une lourde embarcation montée sur roues.

Ces trappeurs, découvreurs des nouveaux horizons au nord du Dakota, lestés de fourrures de castors, rejoignaient le fleuve Missouri en espérant, un jour, rouler sur l'or.

Puis, s'éloignant du groupe, un éclaireur parti chasser se faisait surprendre par un ours. Son corps en lambeaux même recousu ne pourrait en réchapper. Mon sang de jeune spectateur ne fit qu'un tour. Le héros était mort et le film venait à peine de commencer.

Sa fin étant inéluctable, le chef de l'expédition (son père adoptif) et ses hommes décidèrent de l'abandonner. L'embarcation avec son mât en forme de croix se remit en marche. Mais la caméra ne la suivit pas. Mon attention en était décuplée.

Livré à lui-même, l'agonisant était à la merci de cette nature environnante sans pitié et aux Indiens menaçants qui y vivaient. Il se mit à ramper comme une bête blessée. Peu à peu, il s'accrocha à tout ce que cette nature pouvait lui donner. Le tapis de feuilles pour se cacher et se couvrir durant la nuit. L'eau de la rivière pour s'abreuver. L'écrevisse, les baies pour se nourrir. Peu à peu, la nature le ramena à la vie. Sauvage et belle, elle était donc pleine de ressources pour celui qui la respectait avec humilité.

Tandis qu'il se remettait sur pied, le récit parsemé de flashbacks nous dévoilait son passé torturé. Dans l'un d'eux, l'enfant en colère qu'il était ne parvenait pas à répéter ce qu'on lui ordonnait de prononcer : « Dieu a créé le monde. »

Dieu l'avait depuis longtemps abandonné et pour se réchauffer l'hiver venu, il n'hésitait pas à déchirer quelques pages de sa bible pour en faire un excellent combustible. Sa haine le faisait tenir. Pour se venger, il devait survivre et progresser dans cet environnement hostile. Caché, il observait un groupe se faire massacrer par les sauvages. Plus loin, dans l'une des plus émouvantes scènes de l'histoire du cinéma, il contemplait une squaw enfanter en silence derrière un arbre. Son épreuve prenait alors un sens. Tout était à sa place dans ce monde. Une expérience unique, un voyage initiatique, une renaissance à la vie s'offraient à lui. Il avait un fils qu'il avait délaissé. Et plus il avançait, plus son désir de vengeance se dissipait. Plus la vision de son fils s'imposait. Sa foi en l'humanité retrouvée, il pardonnait l'erreur des hommes civilisés tout comme lui s'était trompé.

Sur le même sujet, THE REVENANT de Alejandro G. Inarritu fait écho au CONVOI SAUVAGE de Richard C. Sarafian sans pouvoir se soustraire à la comparaison.

Cette seconde version est esthétiquement superbe. La mise en scène est grandiose, mais ne parvient pas à insuffler la même générosité. Surtout, il ne délivre pas le même message. Leonardo Dicaprio n'est animé que par la vengeance et, sans le dévoiler, le final fait un compromis avec celle-ci. Le scénario est différent, certes, mais cette version s'apparente plus à un glacial survival qu'au lumineux retour à la vie de l'original.

Pour Inarritu, la magnificence de cette nature est d'origine divine. Les mille souffrances subies par Dicaprio prennent des allures christiques quand, dans un rêve, il se retrouve dans les vestiges d'une église où une cloche aphone se ballote sous le souffle du vent. Les hommes civilisés assoiffés de sang et d'argent font de ce paradis terrestre un enfer. On ne sent aucun regard bienveillant envers les Indiens, relégués le plus souvent au rôle de menaces constantes. Ici, point de rédemption, juste des barbares qui essayent de s'entretuer pour s'enrichir ou survivre.

En définitive, deux films très différents tournés à des époques opposées.

Dans les années 70, le mouvement hippie imprégné de liberté et du refus de la société de consommation favorisait la quête intérieure de spiritualité pour mieux vivre en communauté. Une démarche qui était peut-être utopiste, mais qui débordait d'espoir et de foi en l'humanité.

Aujourd'hui, la pollution grandissante a développé une prise de conscience écologique. Une nécessité vitale que nous sommes pourtant incapables de mettre en marche. Une torpeur glaciale nous gagne. Comme dans THE REVENANT, Dieu est présent partout, mais il ne peut rien contre la noirceur de notre âme. Nous courons à notre perte pour quelques peaux de castors et pour donner aux autres tous les torts.

Si Dieu a créé le monde alors il a créé l'homme pour le détruire.


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6 mars 2017 1 06 /03 /mars /2017 08:48

Gershwin a disparu

Un chauffeur de taxi s'octroie une petite liberté avec le règlement en acceptant d'entrer chez une charmante cliente pour être payé, y laisse son ADN, et termine sa journée. Le lendemain, la police débarque chez lui. La fille de sa cliente a été enlevée.
C'est le début d'une descente aux enfers pour notre innocent quidam. Son intégrité bafouée par une enquête policière menée à charge, notre présumé coupable se retrouve broyé dans l'engrenage d'une machine judiciaire qui s'emballe. 
D'autres faits divers et romans ont déjà inspiré le thème de l'erreur judiciaire, mais pour son premier film au cinéma, Gilles Bannier réussit à maitriser avec efficacité son sujet en l'inscrivant dans une approche documentaire. 
La mise en scène réaliste suit l'interprétation nuancée de Reda Kateb subissant les décisions d'une justice mal rendue par ses acteurs. 
La plus grande force du film est peut-être dans son casting. Des deux flics inexpérimentés et sans scrupules qui veulent en finir au plus vite, à l'avocat nul de la défense désigné d'office, en passant par la fiancée frustrée qui doute : tous sont formidables de réalisme. 
 Certes, la pression des médias qui demande des résultats, la lourdeur de l'administration avec ses maladresses inhumaines, les incompétences ou les petits arrangements divers qui s'accumulent tout le long du film peuvent paraître comme une charge virulente et caricaturale contre l'appareil judiciaire.
On objectera que les affaires d'Outreau et de Patrick Dils, par exemple, sont des mauvais scénarios sans ratures qui multiplient en dépit du bon sens les bavures. 
Enfermés dans les Codes et procédures juridiques, les acteurs qui rendent la justice se déshumanisent, et en deviennent aveugles quand la vérité est devant eux.
Même quand ils cherchent à réparer leurs erreurs, ils le font avec une extrême rigueur en prenant un pourcentage sur les indemnités qui seront versées à leur victime.
Dans cette traumatisante mésaventure, le personnage de Reda Kateb a perdu plus que son chat Gershwin. Quand il veut le récupérer, l'administration de la SPA aussi est sourde lui expliquant que c'est compliqué. Et lui rétorque qu'il suffirait que Gershwin le voie pour qu'il se jette dans ses bras.
Dernière pirouette absurde d'une société ridiculement inquiétante.

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2 février 2017 4 02 /02 /février /2017 11:20

Les faits papillons

 

Visible actuellement sur Canal Plus, la série 22.11.63 est une étonnante adaptation d'un roman du grand Stephen King où l'acteur James Franco est de tous les plans et crève l'écran.

En franchissant un portail temporel situé dans un snack, Jake se retrouve dans les années 60 avec la ferme intention de sauver JFK, persuadé que le monde en serait meilleur.

Qu'il reste des jours, des mois ou des années dans le passé, deux minutes seulement se seront écoulées à son retour dans le présent. Jake sait qu'on ne peut changer impunément les événements sans se confronter à d'ultimes chamboulements.

S'il ne se détourne pas de son but, et avec les connaissances historiques dont il dispose, il peut réussir son plan. Surtout il ne faut pas s'attacher aux gens.

Mais le passé ne se laisse pas aussi facilement manipuler. L'originalité est qu'il est traité comme une entité qui aurait une conscience. Un personnage aux pouvoirs maléfiques qui s'évertue à éliminer quiconque veut le changer.

Ainsi Jack ne pourra s'empêcher d'intervenir sur le passé douloureux d'un ami, d'être confronté à un psychopathe dangereux, à tomber amoureux.

Autant de barrières effrayantes dressées devant lui pour le faire échouer.

Pas du tout passéiste, profondément humaniste, romantique et lucide sur la condition humaine, 22.11.63 est une agréable surprise qui se paye le luxe d'un final très réussi qui n'appelle aucune suite.

Alors, Messieurs les producteurs et scénaristes, gardez-vous bien d'entamer une saison 2 et laissez les faits papillons s'envoler.

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20 janvier 2017 5 20 /01 /janvier /2017 20:57

La balle antistress ou celle du revolver

Dans la lignée de LA JOURNEE DE LA JUPE où une enseignante désarmée prenait en otage ses élèves pour lutter contre la violence d'un machisme écervelé, Isabelle Adjani nous gratifie d'une nouvelle interprétation magistrale dans CAROLE MATTHIEU diffusée sur Arte, vendredi soir.
Notre Isabelle nationale s'empare ici d'un autre problème social ; celui des dérives du management brutal.
Médecin du travail, elle est confrontée à l'urgence d'aider les salariés en détresse d'une société de téléphonie. Se heurtant à l'aveuglement de toutes les hiérarchies, elle souffre de cette inertie jusqu'à la dépression, peut-être même jusqu'à la folie.
La politique de cette entreprise planifie la souffrance au travail au nom de la sacro-sainte rentabilité qui justifie les efforts surhumains. Même la vendeuse qui fait du chiffre sera amenée à être recadrée si elle ne se conforme pas à l'image de la société. Un esprit de corps est favorisé qui se nourrit de bassesses humaines et de petites lâchetés. Une vraie petite communauté soumise aux contraintes du profit.
Pour toute alternative, ses membres bien appris luttent en silence contre la pression avec une balle antistress à la main. Les plus motivés seront adoubés par une cérémonie potache d'un perçage d'oreille et mise en place d'un diam ; signe honorifique d'un manager doué capable de faire baliser les plus faibles « chiffres ». 
La réussite professionnelle est placée sur un piédestal et prend toute la place. Aucun crédit n'est accordé à la vie sociale, à la vie familiale, encore moins à la santé mentale qui courbe l'échine comme la colonne vertébrale.
Le corps entier est gangrené et personne ne peut donner l'alerte pour stopper ce mécanisme pervers. Tout le monde est en colère. Tout le monde a peur. Tout le monde se terre dans sa culpabilité à ne pas bien faire son métier sans regarder la réalité en face. Et pour tout accepter, il y a le prétexte de garder à tout prix sa place dans cette société en grave crise morale. 
Pour démonter cette machine diabolique, le film social se jette dans la noirceur des rouages du thriller. La mise en scène métaphorique volontairement ambiguë s'évertue à fausser les repères du spectateur pour l'imprégner du trouble des vendeurs. 
Si un suicide ou plus ne peut changer les choses et remettre en cause les consciences alors les hommes sont fous : du personnage principal à la culpabilité désarmée qui tue au psychisme effondré de salariés nus jusqu'aux DRH et directeur servilement obtus. 
L'esprit et le corps souffrent au travail. Tout est normal. Alors il ne reste plus qu'à faire le dernier geste fatal.
À ce titre, l'insert sur la balle antistress que le suicidé laisse en évidence est plus révélateur qu'une lettre d'explication. Cet objet dérisoirement réducteur lui permettait de tenir le coup. Symbole aussi de sa carrière professionnelle qui ne tenait plus debout. Comme si cette balle inerte le réduisait à un être faible renonçant à l'écraser. Juste une mort absurde d'un homme en souffrance au travail qu'un système totalitaire érige en simple anomalie banale. 
Le film de Louis-Julien Petit,(à qui l'on devait déjà la comédie sociale DISCOUNT), s'il peut désorienter dans sa narration, ne laisse planer aucun doute sur ces dirigeants qui pratique l'art de la mise au placard jusque dans le corbillard.
Leurs armes s'appellent pression, chantage, intimidation, humiliation. Autant de balles placées dans le barillet. Autant de canons en acier placés sur le front des salariés. Et si nous détournons la tête par lâcheté, c'est notre doigt malgré nous qui presse la gâchette. 
Il est d'une importance vitale de jeter ce revolver pour changer définitivement de vocabulaire. L'être doit l'emporter sur le paraître. Le meurtre ne doit plus être maquillé en suicide. 
À voir aussi sur le même sujet, si votre humeur le permet, le glaçant DE BON MATIN avec Jean-Pierre Darroussin.

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